Pour Philippe Bourdaud, un des dirigeants locaux de la Fédération nationale des transports routiers, « cela va faire un trou à Montoir ». La mobilisation politique vise Ségolène Royal, la ministre de l’Écologie, pour qu’une solution de continuation soit trouvée. « Une occasion à ne pas manquer pour traduire la transition énergétique dans le concret et que le produit de la nouvelle écotaxe entrant en application le 1er octobre permette d’agir sur l’autoroute de la mer », souligne Christophe Clergeau, à la Région des Pays de la Loire. Un argument repris parmi les chargeurs, par Mériadec Paviot du groupe de produits frais bio Triballat-Sojasun: « Nous allons subir l’écotaxe en n’ayant pas d’autres choix que d’utiliser la route! »
Pour le moment, l’arrêt de Montoir-Gijón, c’est un tiers du trafic roulier qui disparaît de Montoir. La perte de recettes pour le port est d’1 M€ par an. Les emplois directs en jeu sont estimés à une vingtaine, essentiellement chez Manocéan, le manutentionnaire (27 salariés). Mais il se refuse à envisager toute modification d’effectifs, compte tenu par exemple de la montée en puissance programmée de la ligne Montoir-Vigo, vouée à devenir une autoroute de la mer, après son financement Marco-Polo. Son exploitant, Suardiaz, démarche déjà les utilisateurs de Montoir-Gijón. Côté emploi, il y a aussi les six employés de l’agent maritime ATL, filiale de LD Lines, sans doute reclassés ailleurs. Chez les dockers, le syndicat CNTPA souligne le nombre important de CDD qui risquent aussi de perdre leur emploi chez le manutentionnaire.
Tous le constatent, le modèle économique est à réviser: autres navires (pas assez de roulier, trop de passagers, trop d’équipage)? Autres fréquences (trois par semaine, ce n’est pas une autoroute)? Philippe Bourdaud, le transporteur, regrette la distance insuffisante entre Montoir et Gijón. Pour la plupart, l’avantage tiré n’étant pas économique, la décision de reprise doit donc être prise de façon politique en visant le long terme.