Rolls-Royce s’y met

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En février 2014, l’agence de presse Bloomberg a annoncé que le projet Blue Ocean mis en œuvre par Rolls Royce a pour objectif la construction d’une passerelle virtuelle à Alesund en Norvège. Disposant d’une vision sur tout l’horizon, cette passerelle permettrait de conduire à distance des « centaines » de navires sans équipage, d’ici à une dizaine d’années, en mer Baltique par exemple; le temps nécessaire pour lever tous les obstacles techniques et réglementaires et répondre au scepticisme du secteur et en particulier des syndicats, a expliqué Oskar Levander, vice-président en charge de l’innovation dans l’ingénierie maritime et la technologie.

La démonstration de Rolls-Royce est sans appel: non seulement l’équipage coûte cher (3 299 $/j pour un grand porte-conteneurs, soit environ 44 % du coût d’exploitation), mais en plus il prend de la place en ayant besoin de cabines, de salle à manger, d’eau douce, d’air conditionné, etc. Tous ces espaces de vie pourraient être avantageusement remplacés par des volumes dédiés au transport payant de marchandises, souligne Oskar Levander.

Remenber Emma-Mærsk

Faisons un « rêve »: le 1er février 2020, vers 21 h 40 locales, un grand drone de 15 000 EVP géométriques connaît un envahissement de son compartiment machine alors qu’il vient d’intégrer le convoi descendant du canal de Suez. Le moteur de propulsion est noyé en quelques minutes. La passerelle déportée de Rolls-Royce est à la manœuvre. L’autorité du canal de Suez est-elle raisonnablement assurée que l’officier norvégien saura mettre le navire à quai comme l’équipage du Emma-Mærsk a réussi le faire en février 2013. Cet accident majeur (14 000 t d’eau en moins de 25 min) a pour origine directe la rupture de la collerette du tunnel de l’un des deux propulseurs arrière fournis par Rolls-Royce; rupture entraînée par la cassure à leur base, de trois des quatre pales du propulseur. La technologie ne fait pas tout.

Le pilote portuaire est-il bien durable?

En effet, lors du salon Euromaritime tenu à Paris en février 2013, Sagen a diffusé une vidéo présentant les avantages de la réalité augmentée appliquée à une passerelle d’un bâtiment de guerre. En clair, souhaitant se mettre à quai à Lorient, l’officier de navigation voit naturellement le plan d’eau mais également des images virtuelles qui, par exemple, matérialisent les limites du chenal, ou lui indiquent la route à suivre. Sagen espérait proposer des lunettes adaptées à la réalité augmentée d’ici à 2025. Les images réelles ou virtuelles disponibles en passerelle doivent, sans doute, pouvoir l’être également sur une passerelle déportée à quelques milliers de kilomètres. Si en plus les bassins portuaires ont été modélisés (fonds compris), il « suffit » d’ajouter quelques modules supplémentaires simulant l’effet de berge, de souille ou de pas d’hélice pour pouvoir se passer de pilote portuaire.

Il faudra toujours à bord au moins deux petites mains pour lancer les toulines. En effet, depuis des siècles, les navires sont toujours amarrés de la même façon. Après des décennies de discours sur les hautes technologies et sur l’innovation, ni les systèmes par aimantation, ni ceux par ventouses aspirantes n’ont été en mesure de détrôner les aussières des Phéniciens.

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