Le Terminal fluvial de Trafaria, sur le Tage à Lisbonne, dispose d’une situation privilégiée à l’embouchure du fleuve, rive sud. La profondeur observée de 19 m permet l’accostage de navires de grandes dimensions, réservé à Trafaria au déchargement des céréales. La société Silopor SA, entreprise d’État, y a installé ses silos en béton en 1986, complétant le dispositif par une zone de stockage et de distribution routière. La société Silopor joue un rôle extrêmement important au Portugal, puisqu’elle traite près de 52 % des 5 Mt de céréales et oléagineux importés par le Portugal, sur les 6 Mt nécessaires à l’alimentation humaine et animale. Une importance stratégique pour le complexe céréalier qui dispose de deux silos maritimes à Lisbonne. Sur la rive sud, à Trafaria, Silopor dispose d’un quai de 130 m de long qui permet de recevoir des vraquiers pouvant aller jusqu’à 280 m de longueur et transportant jusqu’à 70 000 t de grains. (Panamax et Capesize). L’entreprise détient aussi le silo de Beato, placé sur la rive nord, côté Lisbonne. Le terminal de Beato est consacré essentiellement au transbordement, la capacité des céréaliers pouvant y accoster ne dépassant pas les 30 000 t. Le dispositif céréalier de Silopor est complété par le silo de Vale de Figueira, près de Santarem, à 70 km de Lisbonne. Ce silo, principalement réservé au maïs, sert aussi d’entrepôt complémentaire si nécessaire. En 2013 ce sont 237 navires qui ont été déchargés dans les deux terminaux à grains de Lisbonne
Trafaria et Beato, ont une capacité de stockage totale de 320 000 t. À lui seul, Trafaria gère 200 000 t grâce à ses trois systèmes pneumatiques de charge et décharge, de trois quais bord à bord, et d’un quatrième pour le trafic en transbordement. Silopor possède sa propre barge auto propulsée pour transporter de moindres quantités entre Trafaria et Beato, si les clients le souhaitent. Le terminal nord est relié au chemin de fer (trois voies ferrées) tandis que Trafaria reçoit une rotation de 220 camions par jour (douanes et pesage). Ce terminal est doté de 114 cellules de stockage (de 500 à 3 500 t).
Dépendance céréalière du Portugal
Le Portugal importe les quatre cinquièmes de ses besoins en céréales et oléagineux, essentiellement pour la chaîne alimentaire animale. Le maïs arrive en tête, devant l’avoine, le blé, et le riz. Les principaux fournisseurs sont l’Union européenne (France, Norvège, Allemagne, Royaume-Uni), l’Ukraine, le Brésil, le Canada. Uniquement prestataire de services, Silopor n’intervient pas sur le trafic céréalier, et observe une baisse d’intensité de son activité de septembre à janvier, période pendant laquelle l’industrie portugaise se fournit sur le marché national (principalement en maïs). Silopor est une entreprise d’État à 100 %. Elle fait l’objet d’un processus de privatisation entamé il y a près de quinze ans, sans qu’aucune solution pérenne n’ait été trouvée. En 2013, l’actuel gouvernement a décidé d’accélérer le processus et a lancé un appel d’offres pour l’attribution de la concession. En janvier 2014, l’entreprise ETE Empresa de Tráfego e Estive a remporté cet appel d’offres avant d’en être déboutée après les réclamations déposées par son concurrent, GeStmin Sogestão. L’État espérait engranger 40 M€ avec l’offre d’achat, et 125 M€ sur 25 ans par le biais de la concession. L’affaire est à nouveau au point mort. Silopor est actuellement dirigé par une commission de liquidation ce qui permet la continuité de l’activité. Silopor, grâce à sa position de quasi-monopole et son terminal d’eau profonde facile d’accès, est presque unique en Méditerranée. L’entreprise est rentable: elle a dégagé 900 000 € de bénéfice net en 2013 pour un chiffre d’affaires global brut de 14 M€, après avoir connu une période difficile. Le principal client de Silopor est la société Louis Dreyfus.