Les réservations touristiques vers la Corse ont cependant chuté ou ont été massivement annulées. Passé sous les yeux de l’AFP, ce relevé de conclusions illustre la divergence des points de vue entre les syndicats de salariés, Transdev – l’actionnaire majoritaire à 66 % codétenu par Veolia et la Caisse des dépôts, donc l’État –, et l’État lui-même qui détient 25 % du capital.
Les premiers « considèrent que le redressement de la société doit pouvoir se réaliser dans la continuité et que le maintien de la délégation de service public (sur la Corse jusqu’en 2022) exclut un redressement judiciaire ». Les deux condamnations de la France par la Commission européenne à se faire rembourser environ 440 M€ « doivent être contestées par tous les recours et procédures possibles (…). Une garantie de passif éventuelle devrait être accordée sur le seul contentieux de la privatisation, pour trouver le plus rapidement possible un nouvel actionnaire en remplacement de Transdev ».
Ce dernier considère que la solution « la plus réaliste (…) consiste, à l’issue d’un processus concerté, à placer la SNCM en redressement judiciaire, solution permettant la constitution d’une nouvelle SNCM préservant le maximum des activités et des emplois et créant les conditions nécessaires pour trouver un nouveau repreneur ».
Pour l’État, « la négociation engagée depuis le 16 mai n’est pas finalisée mais il ne fait plus de doute aujourd’hui que seul un plan de redressement pour construire une nouvelle SNCM peut permettre de mettre fin aux contentieux européens. Ce plan passera probablement par un redressement judiciaire. S’il est décidé, cela ne peut être une liquidation mais un nouveau départ ». Façon destruction créatrice chère à l’économiste Joseph Schumpeter.
Rendez-vous le 31 octobre
En conclusion de quoi, « toutes les pistes et les moyens de parvenir à un projet industriel d’avenir seront étudiés (…), sans en exclure aucun ». Au plus tard le 31 octobre, une réunion de conclusion réunissant toutes les parties sera organisée pour « recueillir les résultats » de quatre chantiers. Les décisions devant intervenir au plus tard un mois après. Ces chantiers portent sur un « plan industriel d’affaires de restructuration », une clarification des enjeux et le traitement des contentieux européens, la recherche de repreneurs et les mesures sociales d’accompagnement qui « doivent être exemplaires ».
Tous les 10 jours environ se tiendra une réunion d’avancement. Durant ce temps, la SNCM s’engage à ne pas entamer de procédure judiciaire « sauf situation de cessation de paiement. Sous le contrôle du président du tribunal de commerce et dans les limites fixées par ce dernier, la trésorerie est assurée par l’intégration de l’indemnité d’assurance du Napoléon-Bonaparte dans les comptes de l’entreprise ». Soit environ 60 M€. En outre les actionnaires se sont engagés à ne pas demander le remboursement des comptes courants comme cela est possible, soit 117 M€.
Les marins ont ainsi « suspendu » leur mouvement et la saison est partiellement sauvée. Le 10 juillet, Transdev a expliqué que « cet accord permettra (…) aux parties prenantes de travailler d’ici la fin octobre à la mise en œuvre des solutions d’avenir pour les activités de la compagnie, qui passent par une solution de discontinuité dans le cadre d’un redressement judiciaire contrôlé. En effet, cette solution est la seule qui permettra, en levant la menace des contentieux européens, de préserver de manière pérenne le maximum d’activités et d’emplois dans le cadre d’une nouvelle SNCM et de créer les conditions nécessaires pour trouver un repreneur ».
Transdev a rappelé que « sa situation financière ne lui permet pas de faire face aux besoins de financement de la SNCM sans compromettre son propre redressement et l’avenir de ses 86 000 salariés ». Ceux de la SNCM sont ainsi prévenus. Négocier la plus grosse valise et partir pour ceux qui le peuvent.