Cette innovation met en évidence les nouvelles possibilités qui se présentent au secteur fluvial dans le contexte de l’intermodalité et surtout de la mobilité, ceci à une époque où il est urgent de décongestionner les réseaux routiers. En outre, c’est la première fois depuis des années que des unités fluviales sont construites en Flandre.
L’initiative émane du secteur privé. Le concepteur Antoon Van Coillie, un ancien gradé de la Force navale belge, a bénéficié du soutien des gestionnaires des réseaux fluviaux que sont Waterwegen en Zeekanal NV et De Scheepvaart, ainsi que de certains secteurs du marché. Après plus de deux ans de préparation et de travaux, deux prototypes ont vu le jour: le Zulu-1, qui entrera en service en août, et le Zulu-2 qui suivra quelques semaines plus part. Le programme d’exploitation est pour l’instant axé sur le transport sur courtes distances de matériaux de constructions palettisés et de big bags. Une seconde étape, manifestement avec d’autres unités, portera sur le transport de produits de consommation palettisés, ce qui pourrait conduire à l’utilisation d’équipements reefer. Par la suite pourrait intervenir la formule de « lignes régulières ». L’armement belge exploitant, Blue Line Logistics, a déjà deux contrats de transport à long terme (cinq ans) à son actif, l’un avec la fabrique de béton Coeck et l’autre avec l’entreprise Wienerberger, un producteur de matériel de construction, comme des briques. Le rayon d’action de ces deux unités comprendra le canal de la Campine, le canal Albert, la Nete, l’Escaut jusqu’à Kallo et le canal Bruxelles-Escaut.
Vers une flotte de 30 à 40 unités
Selon Antoon Van Coillie, il y a une demande de la part du marché. L’objectif est d’évoluer vers une flotte de 30 à 40 unités. Ce marché comprend les Pays-Bas, la Belgique et le nord de la France. VNF et le port de Paris figurent au nombre des intéressés. « Nous abordons ici une autre vision de la logistique fluviale, qui consiste pour des entreprises situées à proximité ou en bordure de petits canaux, à bénéficier d’une alternative à la route. En fait, nous sommes complémentaires à la flotte fluviale existante. Le concept mis au point offre des avantages pour les chargeurs et réceptionnaires qui ne doivent pas investir dans des engins de manutention ou dans des quais. Tout se passant en pontée, il n’est plus nécessaire de mettre un forklift en cale. Les opérations de chargement/déchargement sont donc plus rapides. La manutention peut se faire de quai à quai, ou de pont catamaran à berges ou sur camion, et l’inverse. Autant d’atouts qui contribueront à la compétitivité par rapport à la route », déclare Antoon Van Coillie.
Fiche technique
• Longueur HT: 50,30 m, entre pp 48,50 m, largeur 6,60 m
• Profondeur: 2,75 m, tirant d’eau en charge 2,30 m
• Moteur extérieur: puissance 225 kW/306 hp
Deux puissants propulseurs d’étrave pour accroître la manœuvrabilité
• Vitesse: 12 à 15 km/h, consommation 25 litres/h de diesel
• Ballast avant: 2 × 63 m3, arrière 2 × 63 m3
Un engin de manutention circulant sur la longueur du pont, d’une capacité de 2 t jusqu’à 12 m.
• Équipage: un batelier (opérant dans une petite timonerie) qui assure également les manutentions de chargement/déchargement. Selon les trafics, il faudra deux bateliers par unité travaillant en shift de 8 h. Il y aura un tachygraphe à bord.
• Capacité: 300 t ou jusqu’à 300 palettes chargées ou déchargées en 3 h. Ces palettes peuvent être gerbées sur le pont jusqu’à quatre unités de haut.
• Coût d’une unité: 10 M€, ce qui est 25 % moins cher qu’une unité fluviale classique de 50 m.
Un nouvel armement fluvial BLL
Blue Line Logistics, dont le siège est à Bâle, a été constitué au capital de 800 000 €. Les actionnaires sont Antoon Van Coillie, administrateur, et Bart Opsomer/Wienerberger, 50 %, les deux autres partenaires étant Taste Invest (J-J Westerlund), 47 %, et la société Shipit SA (3 %). Shipit assurera le rôle de coordination à Anvers pour la Belgique et Tesco BV du groupe Wienerberger fera de même aux Pays-Bas.