Auchan, Danone, Castorama, Lafarge, Malteries Soufflet, etc., ont participé à la réunion délocalisée de la Commission maritime de l’Association des utilisateurs de transport de fret qui s’est tenue à Marseille les 24 et 25 juin. Au total, 26 grands chargeurs représentés par une quarantaine de responsables transport maritime ont été les hôtes de Via Marseille Fos, association de promotion créée en 2012 associant la Chambre de commerce, la Ville, l’autorité portuaire et l’Union maritime et fluviale de Marseille-Fos (UMF). MGI l’a rejoint par la suite. Hervé Balladur, commissionnaire de transport de son état, assure avec bonhomie la présidence de l’association qui poursuit deux objectifs: faire en sorte que la place portuaire ne parle que d’une seule voix et reconquérir la confiance des clients; laquelle se mesure au retour des volumes. La croissance de ces derniers est rassurante (+ 9 % pour les conteneurs depuis le début de l’année). Les opérations portuaires ont retrouvé la fiabilité qui rassure les clients. La dernière réforme a produit des résultats « tangibles », constate Philippe Bonnevie qui s’est interrogé à haute voix sur l’éventuelle nécessité de faire « maigrir le port » et sur le besoin d’améliorer les liaisons avec l’hinterland, objet de toutes les réflexions.
La forte réactivité de l’autorité portuaire dirigée par quelqu’un « qui n’est pas du sérail » satisfait l’ancien délégué général de l’AUTF – et toujours membre du conseil d’administration de l’UMF –, d’autant qu’il a pu « expérimenter » l’efficacité de l’actuelle directrice à Dunkerque.
Les 29 mouvements à l’heure des portiques de Fos, la rotation rapide d’une prise de vide ou d’un retour à quai d’un plein, ont été mis en avant à plusieurs reprises.
Le dossier du P3 n’est pas refermé
Avec la décision du ministère chinois du Commerce qui a interdit la mise en œuvre du P3, les questions conflictuelles ont pu être évitées durant la table ronde consacrée à l’offre de dessertes maritimes. Jacques Barra, directeur de MSC Marseille, « as agent only » s’est prudemment retranché derrière la tradition de son principal: on ne parle que lorsque c’est fait. Maxime Vivier, chef de ligne import Extrême-Orient/ Europe de CMA CGM n’a pas eu la même sagesse et s’est lancé dans une explication de type darwinien: la vie pousse à la croissance. Il en est de même pour les navires. Sauf que depuis les années 1975, les VLCC plafonnent à 350 000 tpl et qu’après les minéraliers de Vale de 400 000 tpl, il va probablement se passer un certain temps avant de passer à la taille supérieure. « On ne pourra pas en rester là après avoir réalisé tant de travail », a poursuivi Maxime Vivier. Faut-il comprendre que le maillon faible du P3 devrait être à terme remplacé par une compagnie chinoise? « La course au gigantisme n’est pas favorable aux chargeurs », a estimé Hervé Balladur qui a regretté l’extrême volatilité des taux de fret import Asie/Europe. « Une régulation des prix est nécessaire », a-t-il conclu, devant témoins.
Appartenant tous deux au groupe King Fisher, il est exclu pour Castorama et Bricodépôt de confier plus d’un certain pourcentage de leurs volumes à tel ou tel armateur ou groupement d’armateurs, a souligné Silvio Bocci, directeur import de la première enseigne. Même mesure de sécurité des approvisonnements chez Danone Waters, a ajouté Pascale Vincent, directrice supply chain. Celle-ci a regretté le manque des dessertes depuis Marseille-Fos en direction des États-Unis et surtout de la côte Ouest. Il s’en est suivi deux très classiques monologues relatifs à la préexistence de la poule ou de l’œuf. Qui de la demande ou de l’offre de transport pilote l’émergence d’un trafic portuaire?
Le système informatique portuaire de Marseille-Fos va être prochainement ouvert aux chargeurs et commissionnaires de l’intérieur qui y disposeront d’un menu spécifique à leurs différents besoins, a expliqué François Mahé des Portes, président de MGI. « Nous souhaitons y rentrer et les chargeurs paieront la redevance d’AP+ », a immédiatement renchéri l’ancien délégué général de l’AUTF, répondant ainsi à la remarque d’Hervé Balladur selon laquelle c’est la place portuaire marseillaise qui a financé Protis qui s’est transformé, non sans mal, plusieurs années après, en AP+. « Cela se fait de bon gré à Marseille. Cela se fera de force au Havre », a prévenu, toujours vif, Philippe Bonnevie.
Lors de la visite du site de Fos, ce dernier s’est enquis du lieu où doit être prochainement installé le nouveau terminal du groupe Charles André dont la présidente est la vice-présidente du conseil de surveillance du Grand port maritime de Marseille.