Que faire? Satisfaire les requêtes des environnementalistes, des comités de défense de la cité lacustre qui ne veulent plus entendre parler de grands paquebots après le drame du Costa-Concordia, ou entendre les 5 500 acteurs du secteur croisiériste qui ont peur de se retrouver au chômage?
Selon une étude publiée en 2013 par l’Observatoire national du tourisme, le trafic croisiériste représente à la louche 428 M€ par an. Soit la somme encaissée par Venise il y a deux ans et l’équivalent de 5,4 % du PIB local. Un chiffre considérable lié à la circulation de 507 paquebots dans la lagune en 2012. Le débat est d’autant plus important que les partisans du passage des paquebots à côté de la place Saint Marc égrènent comme un triste chapelet les conséquences du décret mis en place l’an dernier par le gouvernement. Ce dispositif, qui prévoit la disparition graduelle, d’ici 2015, des navires de croisière dans la lagune, pourrait entraîner une diminution du volume global de paquebots dans le port de Venise. Bon pour les environnementalistes, mauvais pour l’économie locale, rétorquent les experts financiers qui soulignent l’impact du passage des croisiéristes.
Pour consolider l’activité croisiériste, l’autorité portuaire a investi 165 M€ durant les seize dernières années. Un investissement destiné à inscrire d’autres critères essentiels sur les tablettes de l’autorité comme la réduction de l’impact négatif des activités portuaires sur l’environnement et l’amélioration des conditions d’accueil des passagers. L’inauguration en 2009 et en 2001 des deux terminaux Isonzo est l’œillet à la boutonnière de l’autorité portuaire. La structure répartie sur deux étages couvre une superficie de 4 450 m2.
Aujourd’hui, le port de Venise est le deuxième site croisiériste en termes d’embarquement et de débarquement en Italie, le troisième sur l’échelle européenne et le neuvième au niveau mondial. L’an dernier, le volume de trafic croisiériste a augmenté de 5,8 % par rapport à l’année précédente. Un chiffre paradoxal, le nombre de paquebots ayant diminué de 21 unités l’an dernier par rapport à 2012. Il y a deux ans, en effet, 569 navires de croisières sont passés par la Stazione Marittima, le port d’ancrage des paquebots, contre 548 l’an dernier. D’ici la fin de l’année, ce chiffre devrait encore chuter, 494 navires devant transiter dans le port de Venise selon les prévisions. Cela veut dire une diminution de 3,5 % du volume de trafic. Après avoir transité par le canal Saint Marc et celui de la Giudecca, les paquebots jettent l’ancre dans la station maritime située à l’ouest de la cité lacustre, composée de six terminaux pour le secteur croisiériste et gérée par la société Venezia Terminal Passaggeri. Les principaux armateurs des 30 compagnies présentes sur le territoire comme Costa et Minoan par exemple, offrent un service de navette gratuit pour rejoindre le centre-ville.