Marseille: la machine à succès est lancée

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Pas un jour sans paquebot. Le long des quais du port phocéen, des navires de toutes tailles, de toutes compagnies viennent s’amarrer. Si les urbanistes ont transformé la ville, hissée au rang de capitale européenne de la culture en 2013, les opérateurs de croisières ont durablement changé la donne dans les bassins Est. L’explosion à l’œil nu de cette activité se traduit dans les chiffres. Au premier trimestre 2014, le nombre de croisiéristes a bondi de 52 %, signe d’une réduction progressive de la saisonnalité. Môle Léon Gourret, Cap Janet, Joliette sont désormais fréquentés toute l’année. Après avoir franchi en octobre 2013 le cap du million de passagers, Marseille devrait enregistrer un nouveau record en 2014 et dépasser 1 340 000 croisiéristes (dont 440 000 en tête de ligne). Vingt-sept armateurs proposeront 540 escales en 2014 dont neuf offrant un embarquement au départ de Marseille (Croisières de France, Cie du Ponant, Costa Croisières, MSC Croisières, Iberocruceros, Oceania Cruises, Portuscale, Silversea et TAAJ Croisières). « Nous allons connaître une très forte progression de la tête de ligne. Costa Croisière passera de 142 escales en 2014 à 167 en 2015. MSC Croisières a programmé 142 escales contre 98 cette année. Princess Cruises reviendra en force avec 11 escales », annonce Jacques Truau, le président fondateur du Club de la croisière Marseille Provence.

Deux millions en 2020

À Marseille, deux événements majeurs ont marqué l’activité ces derniers mois. À commencer par l’aménagement l’an passé, face au MuCEM, d’un nouveau terminal dédié aux navires haut de gamme (de moins de 200 m). 45 escales y sont prévues en 2014. « Nous sommes le seul port de Méditerranée à proposer une différenciation sur le créneau de la croisière de luxe. Les armateurs sont ravis d’offrir une escale dans un environnement exceptionnel à une clientèle raffinée, désireuse de dîner dans un restaurant étoilé, de visiter le MuCEM ou de se rendre à pied aux Voûtes de la Major ou aux Terrasses du Port pour une virée shopping », détaille Sacha Rougier, responsable du développement de la croisière au GPMM.

Histoire de rompre l’éloignement des terminaux du centre-ville, le port a mis à disposition des croisiéristes des navettes gratuites en autocar en 2013. Un dispositif complété cette année par un service maritime (23 $/passager) exploité par les Navettes Provençales (coopérative de lamanage de Marseille-Fos) reliant le MPCT au MuCEM.

Autre événement majeur, la mise en service en avril d’un second terminal à passagers de 16 000 m2 (Terminal B) par la société MPCT (détenue à parité par Costa et MSC croisières) au môle Léon Gourret. Cette nouvelle installation porte à trois, avec le hangar 24, le nombre de terminaux capables de traiter des passagers en tête de ligne. En dépit de cette infrastructure supplémentaire, le directeur du MPCT, Jacques Massoni, se creuse encore la tête, lors des « hot days », comme il les appelle, où il doit gérer quelque 20 000 croisiéristes sur une journée. L’affluence estivale mobilise jusqu’à 250 personnes sur le port (bagagistes, agents, personnel de sécurité, hôtesses, personnel technique…). « Au-delà des journées chargées, nous assistons à une augmentation du nombre de passagers en tête de ligne, ce qui va nous conduire à réfléchir au modèle en vigueur dans les très grands ports: un navire/un terminal », avance Jacques Massoni.

Depuis le mois de mars, le terminal MPCT applique pleinement les dispositions du Code ISPS, transposées dans les textes français l’an dernier avec la création de zones d’accès restreintes. Désormais, l’accès au navire, exercé par le bord, est doublé d’un contrôle sur le terminal par un agent de sécurité.

« Notre objectif pour 2020 est d’accueillir deux millions de croisiéristes », a expliqué dernièrement Christine Cabau Woehrel. Pour y parvenir, la présidente du directoire du GPMM mise notamment sur l’élargissement de la passe Nord du port qui permettra l’accueil fin 2016 des paquebots par tous les temps. Cet investissement de 35 M€ mobilise l’ensemble des collectivités territoriales. « Les commandants des plus grands paquebots de Costa, MSC, Princess, NCL et RCCI se sont rendus à Copenhague et ont intégré les données de leurs paquebots sur un simulateur dans le cadre de ce projet. Ceci démontre la capacité de la place portuaire à collaborer avec les futurs utilisateurs de cette infrastructure », commente Jacques Massoni. Avec l’aéroport Marseille-Provence, la gare Saint-Charles et la liaison directe sur le réseau autoroutier, le port phocéen se démarque des autres ports du sud de la France pour ses capacités de pré et post-acheminement. Marseille ambitionne de se hisser dans le top 5 des ports de Méditerranée en 2016.

Prochaine étape, attirer des compagnies aériennes américaines

Cependant, le port sera en capacité de rivaliser avec Barcelone lorsque des avions battant pavillon américain atterriront sur le tarmac phocéen. Il en va du développement des compagnies telles que Royal Carribean qui mise sur Marseille en 2014 et 2015 avec le positionnement de l’Allure-of-the-Seas. « Nous espérons parvenir à fixer un opérateur américain », précise Jacques Truau, associé dans cette démarche à l’aéroport Marseille-Provence.

Cette filière porte également le développement de la réparation navale. Entre octobre 2010 et juin 2014, 39 paquebots ont séjourné dans les formes de radoubs. La remise en état de la forme 10, prévue en 2015, offrira aux armateurs la possibilité de programmer des escales techniques des plus grands paquebots en service à proximité de l’itinéraire commercial.

« Nous allons développer un pôle de réparation navale exceptionnel en Méditerranée », avance Christine Cabau Worhel. Seule ombre au tableau, la croisière est devenue la cible privilégiée des actions du syndicat CGT. Mistral ou conflits sociaux, Toulon demeurera pour quelques années encore le port refuge…

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