Une manne de 26 M€ venue de la mer. C’est la somme dépensée par les croisiéristes en 2013 dans les ports membres du Var Provence Cruise Club: Bandol, Saint-Cyr, Sanary-sur-Mer, Toulon/La Seyne, Hyères/Porquerolles, Le Lavandou, Saint-Tropez, Fréjus/Saint-Raphaël. Seul port doté de postes à quai capable d’accueillir les plus grosses unités, Toulon concentre sans surprise 73 % des trafics attirant à lui seul 106 des 266 escales de 2013 avec 61 touchées au môle d’Armement de la Seyne-sur-Mer et 45 à Toulon Côte d’Azur.
L’apport de 283 000 croisiéristes supplémentaires dû au détournement de 19 paquebots de Marseille vers Toulon, pour des raisons météorologiques le plus souvent, n’a pas permis d’enrayer le recul de 12 % du nombre d’escales. Cela se traduit mécaniquement par un tassement de 9 % des passagers avec 283 000 croisiéristes (255 800 en transit et 27 200 en tête de ligne) l’an passé. Toulon, qui impute ce recul au redéploiement de certaines compagnies de la Méditerranée vers l’Europe du Nord, reste néanmoins optimiste pour 2014 et 2015.
Avec Royal Caribbean, NCL et Island Cruises/Tui Cruises comme armateurs privilégiés, Toulon compte depuis cette année sur Costa Croisières qui commercialise un nouveau concept, le slow cruising. Depuis le 12 avril, le paquebot Costa-NeoRiviera propose ces croisières en tête de ligne depuis le port de Toulon. En 2014, 125 escales (+ 18 %) et 310 000 passagers (+ 10 %) sont déjà programmés.
Haut de gamme
Cette année marque également un renforcement de l’activité dans le haut de gamme avec l’arrivée des paquebots de la Cunard, d’Oceania Cruises et Regent Seven Seas Cruises.
Pour faire face aux 145 escales programmées à Toulon en 2015, le port n’avait pas d’autre choix que de nouer un accord avec la Marine nationale pour obtenir des zones de mouillage. Cinq escales devraient s’opérer au large du port en 2015. C’est d’ailleurs dans le courant de l’année prochaine que sera inauguré le nouveau terminal croisière de la Seyne. Quant au nouveau quai dédié aux paquebots dans le centre de Toulon, sa réalisation reste soumise à l’inscription de ce projet au contrat de plan État-Région. La construction d’un quai de 400 m coûterait au bas mot 30 M€. « Nous avons déposé le dossier au CPER, nous attendons la réponse pour septembre/octobre », précise Robert Cavanna, président du syndicat mixte Ports Toulon Provence (PTP).
Avec 19 M€ de recettes l’an passé, Toulon remporte la palme, loin devant Saint Tropez (5,1 M€) et Fréjus (1,3 M€). Des recettes auxquelles il convient d’ajouter les dépenses des compagnies en taxes portuaires (droits de port, taxe d’outillage public, pilotage, lamanage, remorquage, manutention) et services divers (excursion, guides, transport, avitaillement, carburant…).
Avec une dépense moyenne de 67 € par passager en escale, pas étonnant que les recettes suivent la courbe ascendante. Les ports membres du Var Provence Cruise Club ont vu leur trafic bondir de 230 % en cinq ans, passant de 117 383 passagers en 2008 à 388 000 en 2013. Sur la période, Saint-Tropez enregistre la plus belle progression en nombre d’escales (+ 103 %) et de passagers (+ 364 %). « Pour la première fois, nous avons dépassé Toulon. Ce résultat est le fruit de notre stratégie reposant sur le très haut de gamme », a expliqué, en mai, Claude Maniscalo, directeur de Saint-Tropez tourisme, lors du bilan des actions du VPCC à la Chambre de commerce et d’industrie du Var.
Pour les Bateliers de la Côte d’Azur qui proposent un service de navettes maritimes entre le môle d’Armement de la Seyne-sur-Mer et le port, le succès des croisières dans le Var a un impact direct sur la vie de l’entreprise. « Nous avons doublé notre chiffre d’affaires à Toulon et la masse salariale a augmenté de 25 %. De huit salariés, nos effectifs grimpent à 25 personnes durant la haute saison », explique Christophe Arnal qui gère aux côtés de son frère l’entreprise familiale. Dernièrement, les Bateliers de la Côte d’Azur ont pris livraison d’une quatrième unité. « Nous proposons des balades en mer, un départ pour la plage, des excursions vers Porquerolles », ajoute Christophe Arnal. Même le Conseil interprofessionnel des Vins de Provence et le Syndicats des Vins de Provence s’intéressent de près aux croisiéristes. Lors de leur première visite au Seatrade de Miami, ils avouent que les armateurs n’ont pas été insensibles au concept d’œnotourisme. « Depuis trois ans, nous proposons des visites de deux à trois domaines aux croisiéristes avec des dégustations. Il y a un réel potentiel de développement », souligne Jean-Jacques Breban, président du Conseil interprofessionnel des Vins de Provence.