Les ports de la côte d’Azur, en recul, misent sur les croisières haut de gamme

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L’escale de 4 000 passagers par canot s’avère être un exercice compliqué et coûteux pour les compagnies de croisière. Les mégas paquebots préfèrent incontestablement la terre ferme pour abaisser la coupée. Ils se tournent généralement vers Monaco, Marseille ou Toulon.

D’ailleurs, le directeur des ports de la CCI de Nice-Côte d’Azur, Franck Dosne, ne les considère pas comme des concurrents mais plutôt comme une courroie d’entraînement: « C’est bénéfique car nous sommes à un jour de mer de Marseille et, forcement, les paquebots feront escale dans l’un de nos ports », assure-t-il.

« Nice, obsolète pour les croisières »

Depuis le pic de 2009 avec 744 000 passagers, la fréquentation des ports des Alpes-Maritimes par les croisiéristes stagne voire recule selon les années. Nice étant le seul port doté d’un quai capable d’accueillir des unités de 220 m. Sur le quai du Commerce cohabitent ferries en partance pour la Corse, vraquiers chargés de ciment et paquebots. « Dans la même journée, nous pouvons accueillir jusqu’à six navires. L’outil date du XXe siècle et ne s’est pas modernisé. Le port de Nice est devenu totalement obsolète pour la croisière et ses unités grandissantes alors que nous sommes limités à 180 m en longueur hors tout », explique Rodolphe Striga, à la tête de la station de pilotage de Nice.

Également président de l’Union maritime départementale 06, il s’insurge contre les effets de l’arrêté conjoint du Conseil général et du préfet départemental interdisant depuis 2011 le stationnement à quai des navires la nuit. Une décision prise pour contenter les riverains dont la tranquillité serait rompue lors des escales. « Les politiques veulent réduire la capacité du port de Nice », lâche Rodolphe Striga. L’homme ne désarme pas. Aux côtés de la CCI, il espère bien voir aboutir le projet de modernisation du plan d’eau reposant sur la modification de la digue pour porter le linéaire de quai à 250 m et l’augmentation de capacité du parking.

Sur les 613 186 passagers en escale en 2013 (− 13 %), seulement 55 600 ont embarqué ou débarqué à Nice et Villefranche. Là encore, la fronde des riverains face à la crainte de voir affluer des bus avec des milliers de croisiéristes dans les ruelles de cette ville si pittoresque a conduit à une réduction des mouillages simultanés. Deux navires maximum. Désormais, à Villefranche, certains édiles locaux brandissent l’argument de la pollution de ces unités géantes y compris sur rade.

La French Riviera fait rêver

À Cannes, Golfe-Juan et Antibes, la tête de ligne est marginale voire inexistante. Franck Dosne n’hésite pas à qualifier ces villes de « marquee destinations ». Elles font rêver le croisiériste lorsqu’il feuillette les brochures ou les sites web au point de déclencher l’acte d’achat. Ces ports ont donc pris le parti de miser sur le haut de gamme. « Nous axons notre développement sur la qualité. Nous n’avons pas une politique de développement de la croisière à outrance. Nous ne voulons pas accueillir massivement des gros navires et engorger nos centres-villes », précise Franck Dosne.

Une aubaine car d’après la Clia, la croisière de luxe s’avère être l’une des grandes tendances de cette année. Autre phénomène dont pourraient tirer parti les ports azuréens, l’augmentation du nombre de « re­peaters », à savoir les adeptes des croisières qui forcément ont envie de découvrir d’année en année de nouvelles destinations. « Nous accueillons trois types de navires: les grands yachts qui accostent souvent dans le port de Nice, les paquebots de taille intermédiaire (1 200 passagers) qui généralement stationnent en rade de Villefranche-sur-Mer, Cannes et Antibes, et les navires de 5 000 passagers. C’est sur ce dernier segment que nous avons réduit nos volumes », précise le directeur des ports.

Ainsi, les compagnies Seabourn, Azamara, Star Clippers qui exploitent des unités réduites fréquentent régulièrement ces ports. Cette clientèle à fort pouvoir d’achat génère annuellement 40 M€ de retombées économiques avec une dépense moyenne de 105 € pour un passager tête de ligne et 39 € pour celui qui effectue une simple escale.

À la différence des autres grands ports voisins, la croisière demeure une activité très saisonnière, d’avril à octobre, marquée par de grands événements internationaux tels que le Festival du film de Cannes, le grand prix de Formule 1 à Monaco, le festival de jazz de Juan-les-Pins.

Fédérés depuis 2007 au sein du French Riviera Cruise Club (240 membres), les ports des Alpes-Maritimes ambitionnent de franchir le cap du million de croisiéristes d’ici cinq ans. Pourtant, les prévisions 2014 font état d’un nouveau repli de 2 % avec 604 630 croisiéristes.

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