Le problème est de savoir à qui s’adressait réellement cette présentation car, ainsi que Denis Choumert l’a souligné, ni le secrétaire d’État chargé des Transports, ni aucun membre de son cabinet n’était là. Devant le monument aux morts de l’École nationale supérieure des beaux-arts de Paris (ENSBA), cela offrait une étrange perspective.
Risque donc de disparaître au champ d’honneur le réseau capillaire ferroviaire du fait du désengagement financier de l’État. RFF ferme donc de plus en plus de voies avec un préavis « extrêmement court ». Le président de l’AUTF en appelle donc au président de RFF (qui était présent) pour trouver une solution qui semble exclure le recours aux services de SNCF infrastructures, « indécemment plus chers que ceux des concurrents privés ». Autre disparition programmée à compter de 2015, les 200 M€ que verse l’État à RFF depuis 2009, pour maintenir à un niveau « soutenable » les redevances d’usage de l’infrastructure alors que le niveau de la qualité de service du réseau est loin de s’améliorer.
Si les « surenchères syndicales parfaitement injustifiées » plombent également des « centaines » de trains de fret, le « danger de mort » réside dans le projet de socle social unifié qui ferait que les entreprises de transport ferroviaires privées connaîtraient les mêmes lourdeurs que Fret SNCF. Les chargeurs sont « extrêmement réservés » sur le schéma de gouvernance sous Epic de tête SNCF.
Les chargeurs français préoccupés
Bien sûr, le transport combiné rail-route subit les conséquences des dysfonctionnements déjà évoqués auxquels s’ajoute le versement tardif et « considérablement réduit » de l’aide au coup de pince pour 2013. L’année en cours et les prochaines se caractérisent par une « absence totale de visibilité » sur l’avenir de cette compensation. Les THC appliquées au transport fluvial, l’avenir toujours incertain du projet Seine Nord Europe, le dossier à géométrie variable de l’écotaxe poids lourds ainsi que le 44 t transfrontalier France-Belgique préoccupent également les chargeurs français.
Seul sujet de « soulagement », l’arrêt de la mise en place du P3. « Destinée à réduire la capacité de transport », cette alliance risquait de « réduire en premier lieu le nombre de touchées dans certains ports français » au détriment des entreprises exportatrices. Les chargeurs sont également attentifs aux réflexions en cours auxquelles ils sont associés, qui portent sur la « préservation et si possible l’extension du champ d’intervention prioritaire, si ce n’est réservé, de la main-d’œuvre dockers sur la totalité des quais publics y compris pour la manutention bord à quai des marchandises appartenant aux sociétés privées disposant d’un usage exclusif de parties de quais publics ». Les chargeurs « défendent le principe de liberté d’entreprendre protégé par le droit européen ».
Concernant l’obligation faite aux chargeurs de vérifier le poids réel du conteneur avant chargement, ces derniers souhaitent une application « pragmatique » et ont proposé au ministère de tutelle de constituer un groupe de travail réunissant les « armateurs, les ports maritimes et les chargeurs ». Peut-être faudrait-il y ajouter les manutentionnaires, les transporteurs routiers et les forces de police et gendarmerie? La promesse du chef de l’État de simplifier le mécanisme de perception de la TVA à l’import faite le 17 février risque d’être gravée sur le monument aux morts de l’ENSBA.
Seule note positive du discours de Denis Choumert, le prochain dégoulettage des systèmes d’informatiques portuaires et aéroportuaires. Devant permettre à tout chargeur d’intervenir directement dans ces systèmes, ce projet soutenu par la précédente ministre du Commerce extérieur avance « bien ».
Christian Rose, nouveau délégué général
Depuis le 16 juin, Christian Rose, spécialisé dans les dossiers des transports terrestres, est devenu délégué général de l’AUTF, remplaçant ainsi Philippe Bonnevie qui occupait ce poste depuis 2005. Avant de bénéficier pleinement de sa retraite, Philippe Bonnevie restera encore « quelque temps » conseiller du président pour les dossiers internationaux qu’il suit depuis leur origine. Les responsabilités « métier » de Philippe Bonnevie sont assurées par Fabien Becquelin, arrivé à l’AUTF en janvier après avoir fait ses classes au BP2S.