Un impressionnant parterre d’édiles politiques conduit par le ministre des Transports, Gaoussou Touré, s’est déplacé dans ce port situé à l’ouest de la Côte d’Ivoire. Une convention d’affaires, un forum économique et des conférences ont permis de fructueux échanges entre décideurs institutionnels nationaux, opérateurs économiques, bailleurs et investisseurs internationaux sur l’avenir portuaire et industriel de la place de San Pédro.
Lancé en 1971 sur la volonté publique d’accompagner le développement économique de toute la région Nord-Ouest du pays, le port de San Pédro est devenu le premier port d’exportation de cacao du monde. Depuis 2010, le port accélère son rythme de croissance passant de 1,23 Mt à 1,8 Mt en 2011, puis 3,2 Mt en 2012 et finalement un record à 4,3 Mt en 2013. La principale raison de cette progression spectaculaire du trafic tient dans l’évolution des volumes de transbordements conteneurisés sous l’impulsion de l’armement italo-suisse MSC. Le directeur général du terminal à conteneurs de San Pédro, Nicolas Houard, a exprimé toute sa satisfaction de voir les volumes dépasser les 240 000 mouvements. Le déploiement de plus grandes unités sur les sillons maritimes servant l’Afrique de l’Ouest constitue un défi que les autorités portuaires se doivent de considérer dans des programmes stratégiques d’investissements. Le Premier ministre Daniel Kablan Ducan a rappelé quelques jours auparavant, dans une conférence de presse nationale, combien la modernisation des interfaces portuaires était au cœur du projet de croissance de la Côte d’Ivoire. Dans le cadre du projet d’émergence économique soutenu par la présidence, les autorités portuaires d’Abidjan et de San Pédro pourraient recevoir respectivement 300 et 100 MdFCFA d’ici fin 2016.
Viabiliser l’espace foncier du PASP
Dans le détail, le ministre des Transports est revenu sur le futur quai minéralier intérieur qui vise à faciliter l’exportation des minerais de fer et de manganèse pour un trafic total futur estimé à plus de 2 Mt par an. Ce projet à court terme s’inscrit d’ailleurs dans une volonté publique d’optimiser le domaine foncier du port de San Pédro. L’objectif consiste à remblayer et viabiliser une partie de l’espace foncier du Port autonome de San Pédro (PASP) pour accueillir des activités industrielles et logistiques. Chaque année, un espace de 150 ha pourrait ainsi se valoriser avec le partenariat d’investisseurs et opérateurs privés.
Autre projet que le directeur général du port de San Pédro a voulu commenter, c’est la construction du futur terminal à conteneurs. Fort du succès sur les transbordements, Hilaire Lamizana a énoncé quelques chiffres comme la construction d’un nouveau quai de 700 mètres linéaires disposant d’un tirant d’eau de 15 m. Le terre-plein de 23 ha permettrait de garantir la continuité de la compétitivité du port de San Pedro dans un environnement concurrentiel très stimulé. Le port voisin d’Abidjan avec TC2, mais aussi le port de Lomé, l’autre base portuaire de MSC avec son nouveau terminal à conteneurs en eau profonde, constituent des concurrents sérieux dans la lutte pour le transbordement conteneurisé sous-régional.
Le directeur général mais aussi plusieurs panélistes internationaux sont revenus sur les enjeux logistiques et terrestres. Le port de San Pédro veut renforcer sa légitimité concurrentielle à l’égard des chargeurs maliens et burkinabés. Le directeur général du CBC, Ali Traoré, n’a pas caché pas sa satisfaction de voir le port de San Pédro se préoccuper de ses trafics de coton ou de noix de cajou. Plusieurs projets de ports secs ou de zones logistiques intérieures, selon les expressions retenues, ont attesté de l’organisation logistique de l’arrière-pays ouest et nord-ivoirien ainsi que sur les aires de clientèles des pays concurrents comme la Guinée Conakry.
Un potentiel hydrocarbures
Le développement pétrolier offshore a aussi été évoqué avec le potentiel d’une plate-forme de supply énergétique disposant d’un quai dédié et d’une zone de stockage attenante. Inscrit dans le plan stratégique du port ainsi que dans le schéma directeur du PASP, ce projet, tout comme celui d’un terminal hydrocarbures, pourraient dépendre finalement d’une adhésion pleine et entière de partenaires privés.
Pour finir, Nico Vertongen, responsable Afrique pour Port of Antwerp International, a marqué les esprits en expliquant que PAI confirmait toute sa confiance à l’égard du PASP, tant en qualité d’investisseur qu’en contributeur à la formation et au développement de l’autorité portuaire ivoirienne. Le PAI dispose d’un accord de partenariat stratégique avec le PASP et souhaite dorénavant être un acteur économique à part entière du deuxième port de Côte d’Ivoire.
Avec MSC (premier armement à Anvers), Port of Antwerp International (PAI), Sea Invest et la présence de son directeur général ainsi qu’une forte représentation consulaire, la puissance belge était très remarquée dans les travées des tentes dédiées aux rencontres en BtoB.
En tout, des estimations supérieures au milliard d’euros d’investissements publics et privés pourraient finalement transformer radicalement la destinée concurrentielle de San Pédro.