Dans un monde économique atone depuis le début de la crise économique de 2008, l’Afrique, globalement, et la région ouest-africaine, plus particulièrement, ne sont pas épargnées. Les statistiques relevées par Container Trades Statistics et publiées par Dynamar confirment cette tendance. En 2013, le volume conteneurisé avec l’Afrique, toutes régions confondues, a représenté 8,8 MEVP. L’Afrique entre pour une part faible dans le monde de la conteneurisation. En 2013, elle a représenté 4,8 % du trafic import et export dans le monde. Le trafic conteneurisé mondial est estimé en 2013 à 184 MEVP. Cette part dans les trafics conteneurisés se maintient au cours des trois dernières années aux alentours de 4,9 %.
Les trafics conteneurisés entre l’Europe et l’Afrique démontrent d’une perte de vitesse sur le premier trimestre de l’année. Partant d’un index de 100 en 2008, les trafics depuis l’Europe vers l’Afrique subsaharienne ne dépassent pas, en 2014, 70 points. En janvier, ils ont pesé 70 points puis ont baissé en février à 69 points pour se retrouver en mars à 66 points. Dans le même temps, en 2013, le marché de la conteneurisation depuis l’Europe vers l’Afrique s’est établi aux alentours de 106 points. Dans le sens inverse, à savoir d’Afrique vers l’Europe, sur un indice pris en 2008, la tendance semble meilleure. Avec des taux d’indice entre 94 points pour le mois de mars et 87 pour celui de janvier, chaque mois voit une progression des flux africains avec l’Afrique. Cette tendance sur 2013 et les premiers mois de 2014 se décline aussi par pays. En prenant l’exemple de la France, la valeur des marchandises échangées avec les pays d’Afrique de l’Ouest a baissé au cours des derniers mois. Avec 9,8 Md€ échangés avec les pays de cette région (hors Nigeria), la France voit son commerce extérieur perdre 6 % en 2013. Si l’export se maintient avec une diminution de 0,2 % à 6,2 Md€, l’import accuse pour sa part un sérieux repli de 14,8 % à 3,6 Md€.
Nos partenaires africains
À l’export, nos principaux partenaires sont la Côte d’Ivoire, le Gabon, le Cameroun et le Sénégal, dans l’ordre d’arrivée en volume. La France exporte principalement des céréales – à l’exception du riz – et des produits pharmaceutiques vers ces pays. Ils entrent parfois pour plus de 50 % dans la balance commerciale française avec certains pays d’Afrique de l’Ouest. À l’import, trois pays se détachent: le Nigeria, la Guinée équatoriale et le Ghana. Ils pèsent ensemble pour plus de la moitié des importations en provenance des pays de la rangée Mauritanie-Congo. Ces trois pays représentent des importateurs de premier ordre en pétrole brut et produits de raffinage pour le marché français. Le Gabon pèse aussi dans les importations françaises de pétrole brut pour le marché français, mais dans une bien moindre mesure. Quant au Congo, son pétrole brut est destiné à d’autres raffineries que celles du marché français.
La tendance observée sur l’année passée semble se confirmer, voire s’accentuer dans les premiers mois de 2014. Avec une diminution de 11 % sur les trois premiers mois, les flux entre la France et l’Afrique de l’Ouest continuent de s’effriter. La balance commerciale s’aggrave. Avec 69 % des exportations (en valeur) pour 31 % des importations sur les trois premiers mois de l’année, la balance commerciale se dégrade. En 2012, le ratio entre importations et exportations était de 41 % pour les premières et de 59 % pour les secondes. En 2013, ce ratio s’est amplifié avec 64 % des exportations pour 36 % des importations.
Des chiffres en pleine mutation
Ces chiffres sur les évolutions du commerce entre l’Europe d’une part, la France plus particulièrement, et l’Afrique de l’Ouest d’autre part sont en pleine mutation. Les Africains ont déjà opéré un changement d’approvisionnement de leurs biens de consommation vers l’Asie. L’Europe, premier partenaire de l’Afrique, n’est désormais plus un axiome. Déjà la Chine, le Vietnam et d’autres pays d’Asie prennent le pas sur les pays européens pour devenir les premiers partenaires économiques et commerciaux de certains pays d’Afrique de l’Ouest. Lors du sommet entre les pays de l’Afrique de l’Ouest et les représentants de l’Union européenne, en mars, les dirigeants africains ont donné le ton dès l’entrée en matière: « Nous ne voulons plus de l’aide. Nous voulons bâtir nos relations avec l’Europe sur les échanges commerciaux et les investissements. » Dans ce contexte, il est évident que les pays d’Europe ont souhaité entamer des discussions pour ouvrir une zone de libre échange entre l’Union européenne et les pays de la Communauté économique des États d’Afrique de l’Ouest (Cedeao) pour rétablir une dynamique des relations commerciales. Une position que le plus grand pays de la région, le Nigeria, n’a pas voulu entendre. Il veut éviter que cet accord de libre échange avec l’Union européenne ne soit la cause d’une désagrégation des entreprises locales. Le Ghana, qui a présidé la délégation des pays de la Cedeao lors de la rencontre à Bruxelles, a souligné que cet accord de partenariat ne peut se faire « que sous le signe de l’unité ». Un tel accord de libre-échange avec l’Union européenne serait pour le Ghana et la Côte d’Ivoire signe de nouvelles relations. Les deux pays exportent ensemble la majeure partie de la production de cacao vers l’Europe. La fin de leurs accords de libre échange privilégiés avec l’Europe pourrait leur faire perdre leur avantage. Ce nouvel ordre douanier international serait aussi l’occasion de rééquilibrer la balance commerciale entre les pays européens et les pays africains. « Nous avons des relations privilégiées avec l’Europe à condition que les sociétés européennes acceptent une véritable négociation. Si elles nous poussent trop dans les bras des sociétés asiatiques, nous risquons d’y aller et de les préférer », nous a confié récemment un représentant des chargeurs africains.