À la fermeture de Petroplus, le bilan des vracs liquides est passé de 53 Mt à 45 Mt pour Haropa. « L’arrêt de la raffinerie a fait perdre au trafic maritime, au Havre et à Rouen, autour de 6 Mt par an, soit de 10 % à 15 % des volumes globaux »: le cégétiste Yvon Scornet défend mordicus cette remise en service, qui, après révision, doublerait les flux, import et export. Il table sur 11,5 Mt pour le trafic maritime. Explication: le tribunal de commerce de Rouen a retenu début mai l’offre de reprise de Bolloré Énergie et du dépollueur Valgo. « Des non-industriels », selon les cégétistes qui ont fait appel de ce choix. Audience renvoyée au 3 juillet. La CGT préfère l’option Terrae international, menée par le Suisse Nicolas Jequier avec des partenaires africains, qui maintiendrait la production et les emplois. L’option propose un montage original, partant du principe que l’outil existe, et qu’il coûterait moins cher à remettre en route que de construire une installation neuve en Afrique. Alors que les compagnies pétrolières, nigérianes en tête, mais aussi du Ghana et du Congo Brazzaville, n’ont pas de capacité de raffinage fiable sur place. « L’idée, dit Nicolas Jequier, est d’avoir des investissements des pays producteurs et de travailler pour eux. » Fournisseurs et clients, en somme, après rachat du site pour 25 M€ et 500 M€ investis dans les 18 mois pour relancer l’activité, avec des accords de travail à façon (« tolling agreements »), pour « approvisionner l’Afrique avec des produits raffinés par une raffinerie propriété de ces pays africains, et dont ils contrôleraient la qualité. Un vrai renversement de la situation géopolitique! ». Avantages sur le papier: un approvisionnement garanti en pétrole brut, hors aléas des cours mondiaux fluctuants du baril de brent. Et une fourniture garantie en produits blancs livrés aux pays africains partenaires, dont le Nigeria en pleine croissance.
Avantages pour la France: des recettes fiscales de 30 M€ par an, et une contribution de 350 M€ par an à la balance commerciale nette, selon Nicolas Jequier, se basant sur un revenu du « travail à façon de 10 $ le baril et une production de 150 000 barils par jour, 330 jours par an ». À Rouen, les salariés veulent y croire.