Bois et produits forestiers: les trafics s’élaguent

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Les trafics de bois et de produits forestiers enregistrent des baisses importantes. Selon les dernières statistiques de la FAO, en 2012, les trafics de bois ont baissé de 14,1 % à 595,9 Mm3. Les trafics à l’exportation arrivent à sauver les meubles en ne perdant que 3,4 % à 334,7 Mm3. Les importations sont plus menacées avec une diminution de 24,9 % à 261,2 Mm3. Au niveau mondial, tous les types de bois et de produits forestiers sont concernés par la baisse de trafic.

Au niveau européen, la situation est similaire. Dans la dernière édition de sa lettre trimestrielle, European Timber Trade Federation (ETTF), Fédération européenne du commerce du bois, analyse la situation de 2013 sous le même angle. Les trafics de bois ont plongé sur les premiers mois de 2013. En France, les importations de bois dans les ports français perdent de leur teneur. Selon des données compilées depuis plusieurs sources, le volume des importations de bois dans les ports français est estimé aux alentours de 772 Mm3, en recul de 9 %. Deux pôles français se dégagent sur cette filière. Le premier se situe sur la façade Nord-Ouest de la France avec Haropa, dont Rouen engrange encore une partie importante de ces trafics et reste une des seules places qui a su garder le cap à la hausse en 2013. Le Havre entre aussi dans les trafics en provenance des bois tropicaux et américains grâce à ses liaisons maritimes conteneurisées avec les grands centres de production du monde. Toujours dans cette région, Saint-Malo – port de moindre importance en termes de volume global – et Le Légué forment à eux deux un pôle bois majeur dans les importations françaises. Ensemble, ces deux ports rivalisent en volume avec Rouen.

Le second pôle portuaire forestier français se situe sur la côte Atlantique. La Rochelle, d’une part, Nantes ensuite, Rochefort en plus et Bordeaux enfin font de la façade Ouest de la France un pôle majeur de cette filière au niveau européen. Au Sud, Marseille et Sète alimentent aussi la filière mais dans une proportion moindre que les deux autres pôles français.

Caen symptomatique

À la lecture des chiffres collectés, il ressort que des places fortes du bois comme a pu l’être le port de Caen perdent de leur tenue. Phénomène lié à la conteneurisation importante de cette filière ou des choix logistiques des opérateurs, Caen est devenu symptomatique du trafic français du bois. Le recul des trafics affecte presque tous les grands pôles de trafic. Seuls Nantes et Rouen gardent la tête hors de l’eau quand les autres ports souffrent d’une diminution de leurs trafics. Effet structurel ou conjoncturel? La baisse prononcée des trafics de bois et de produits forestiers dans les ports français trouve son origine dans plusieurs causes pour les professionnels de la filière. Parmi les raisons de cette diminution, les professionnels citent d’abord la concurrence des autres matériaux de construction. Le recours au bois dans la construction d’habitations s’est amoindri au cours des dernières années. Dans une note publiée en avril, l’ETTF explique que le niveau de construction a résisté en Grande-Bretagne, en Allemagne et en France, même s’il a perdu de son volume. La chute a été plus violente sur d’autres pays comme l’Italie, le Portugal ou l’Espagne qui n’ont toujours pas retrouvé leur niveau d’avant la crise, même si, au cours des derniers mois de 2013, la construction en bois semble avoir progressé de 20 %.

L’impact du règlement européen

Autre raison qui affecte la baisse des trafics de la filière bois et des produits forestiers, la pression écologique des ONG sur les importations. Le 22 mai, des membres de Greenpeace sont entrés sur le terminal de Chef de baie, à La Rochelle, pour manifester contre la présence dans le port de bois que Greenpeace juge illégalement importés. Des bois qui ont été déchargés en octobre sur le port charentais, en provenance de la république démocratique du Congo et contrôlés par les services compétents, selon l’autorité portuaire de La Rochelle. Outre cette pression des ONG, l’Europe est aussi intervenue. Depuis le mois de mars 2013 est entré en vigueur un règlement européen (règlement du bois de l’Union européenne, RBUE) qui détermine les conditions d’importation des bois tropicaux. Ce règlement s’applique au bois et aux produits dérivés mis sur le marché de l’UE pour la première fois. Il impose trois obligations clés: la mise sur le marché de l’Union européenne pour la première fois de bois issu d’une récolte illégale et de produits dérivés est interdite; les opérateurs européens – ceux qui mettent des produits sur le marché de l’Union européenne pour la première fois – sont tenus de faire preuve de « diligence raisonnée »; les commerçants – ceux qui achètent ou vendent du bois ou des produits dérivés déjà mis sur le marché – doivent identifier leurs fournisseurs et leurs clients afin de garantir une traçabilité minimale du bois.

Pour l’ETTF, ce règlement pèse lourdement sur les importations dans l’Union européenne. Appliqué depuis le mois de mars 2013, au plus fort de la crise, explique ETTF, il est encore trop tôt pour juger des effets de ce règlement sur le trafic. Cependant, dans des pays comme l’Allemagne, le Danemark et les Pays-Bas, des autorités compétentes pour surveiller les dispositions d’application de ce règlement sont en marche. En France, comme dans d’autres pays du sud et de l’est de l’Union, la mise en place de ces autorités de contrôle se fait plus lentement, constate l’ETTF. De toutes les manières, le véritable impact de cette réglementation sur les trafics de bois et produits forestiers pourra se mesurer dès lors que les économies des pays de l’Union auront repris la voie de la croissance.

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