Est-ce le dernier coup de semonce pour MyFerryLink avant de mettre les machines des navires à l’arrêt? Pour la Competition and Market Authority (CMA), les conditions du marché du ferry dans le détroit n’ont pas évolué au cours des dernières années. « MyFerryLink engrange les pertes. Cela pèse sur le niveau de concurrence dans le détroit du Pas-de-Calais et pourrait mener à la sortie d’un opérateur. Les intérêts des utilisateurs des moyens de traversée du détroit ne seraient pas préservés si Eurotunnel était présent tant sur le rail que sur le maritime », a déclaré Alasdair Smith, vice-président de la CMA. DFDS n’a pas commenté la décision.
Réaction du secrétaire d’État aux Transports
Les conclusions préliminaires de la CMA ont suscité des réactions de la part du secrétariat d’État aux transports. Frédéric Cuvillier a souligné qu’il « regrettait la décision de l’autorité britannique de la concurrence ». Il considère que le maintien de trois compagnies maritimes sur le détroit « est une garantie d’une concurrence effective; la réussite de la compagnie MyFerryLink en est une illustration. » Pour MyFerryLink, la CMA « n’a pas compétence juridique au regard du droit britannique ». Les responsables de l’armement jugent alors cette décision inacceptable, « surtout après la décision du 4 décembre de la cour d’appel de Londres qui lui a donné raison. » De concert avec Eurotunnel, le propriétaire des navires exploités par MyFerryLink, les deux sociétés considèrent l’analyse du marché faite par la CMA comme erronée. La croissance sur le marché est supérieure aux 2 % par an anticipés par la CMA, et la sortie de DFDS du détroit ne s’est pas réalisée, comme l’a estimé la CMA.
Quelques heures avant l’annonce de la décision préliminaire, DFDS a publié un communiqué sur le périmètre des activités. La division « France et Méditerranée » s’est vue rattacher les activités des lignes Dieppe-Newhaven et Le Havre-Portsmouth, alors que les routes Dunkerque-Douvres et Calais-Douvres sont désormais rattachées à la division « Channel ». Désormais, en 2013, la division Channel perd plus d’argent que la division France et Méditerranée.
La décision finale est prévue à la mi-juin. MyFerryLink confirme son intention de retourner devant la cour d’appel de Londres si la CMA confirme sa position préliminaire. Quant à Frédéric Cuvillier, il annonce qu’il « accompagnera MyFerryLink dans une nouvelle phase d’appel pour défendre non seulement l’emploi maritime national et britannique, mais aussi la liberté du commerce et de l’industrie »