Le simulateur, pour mieux aborder les bonnes pratiques

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Depuis 2007, quinze stations de pilotes, neuf en métropole, six outre-mer, ont mutualisé leurs moyens pour financer un simulateur de manœuvre installé à Nantes, à l’étage d’un hangar portuaire, à quai de la Loire. L’outil de formation suit la résolution A960 de l’OMI. Une centaine de types de navires, porte-conteneurs, vraquiers, pétroliers, paquebots sont modélisés, comme les environnements de quinze ports, projections dynamiques sur écrans, en panoramique de la passerelle du simulateur. Les nouveaux équipements sont mis à jour, les bathymétries en temps réel, les conditions météo récréées, pluie intense, absence de visibilité, houle, vent, s’ajoutant aux aléas du navire, éventuelles pannes, radar, barre, machine. Les nouveaux incidents techniques réels sont peu à peu intégrés dans les exercices de cours. Quelque 150 jours de stage par an sont dédiés à la formation d’une centaine de pilotes.

Pour Frédéric Quiniou, pilote et président du SPSA (Syndicat des pilotes du simulateur de l’Atlantique et d’Outre-mer), « le plus gros bénéfice, c’est de confronter le stagiaire aux regards et pratiques d’autres pilotes. Il y a eu un peu d’appréhension au départ, une crainte de dévoiler ses faiblesses, mais les critiques sont bienveillantes et la mise en commun de toutes les causes génératrices de désordres est bénéfique pour tout le monde ».

Remettre en question ses habitudes

Les jeunes pilotes remettent logiquement plus facilement en question leurs habitudes. « Le vrai métier, c’est en passerelle. Le simulateur n’apprend pas à piloter, c’est une formation en plus », qui valide le savoir-faire. « Même surpris par le vent ou pour avoir ralenti trop tard, plus personne ne cherche l’excuse de la situation virtuelle. »

Le simulateur est comme un jeu de rôle qui forme aussi au savoir-être, le fameux facteur humain: « ça permet d’améliorer les échanges avec le commandant. S’il conteste une manœuvre, disons un évitage par bâbord au lieu de tribord, c’est que la communication venant du pilote n’a pas su expliquer, ni le convaincre. Et ce n’est pas une question de langue… Un discours trop long et l’interlocuteur n’écoute plus. Certains ont plus de mal à se faire entendre que d’autres. On les accompagne sur ce volet-là ». Leçon du jour: le pilote ne parle pas de la même manière à un commandant serein, qui connaît bien son navire, qui est déjà venu dans ce port ou à un commandant moins à l’aise avec son navire, qui n’a jamais accosté ici, fatigué par trois jours de mauvaise mer ou d’avaries. L’usage du simulateur sert à questionner les routines et les craintes d’événements statistiquement rares, les plans B au quotidien. Ou la réaction aux éléments exogènes. Exemple, avoir répondu à un appel de portable personnel: « Pas une erreur, une faute! » L’expérience du simulateur sert aussi la pédagogie de la formation réelle, en passerelle, pour mieux transmettre les points clefs. « On rappelle les points clefs bien faits, et on laisse parler le stagiaire qui fait son propre diagnostic et a souvent lui même les solutions. » Effet double de la mission transmission.

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