La formation continue dans le pilotage français se fait selon les principes de la philosophie de l’économiste William Edwards Deming. Il a mis en exergue la fonction première du système de qualité dans les entreprises. Elle doit avant tout avoir pour objectif d’améliorer le métier ou le service de l’entreprise. « C’est dans le cadre des processus d’assurance qualité qu’entre la formation continue des pilotes », explique Cyrille Albaladejo, représentant de l’assurance qualité à la Fédération française des pilotes maritimes.
Une recommandation de l’OMI
Plus concrètement, la formation continue s’appuie sur une recommandation de l’OMI, la recommandation A960. Elle consacre un chapitre sur les voies de maintenance des compétences. Dans sa recommandation, l’OMI prévoit une formation sur la maîtrise de l’anglais, la maîtrise de la communication entre les navires et avec le port, la gestion des situations d’urgence, le BRM (Bridge Ressource management), les exercices sur modèles réduits, les séminaires sur les équipements passerelle comme l’Ecdis (les cartes électroniques), les aspects juridiques et législatifs de la profession et la protection individuelle, à savoir la sécurité en mer.
La FFPM prend alors son rôle fédérateur à plein. Elle recense auprès des stations les besoins particuliers des stations de pilotage. Elle négocie après avec l’ENSM le contenu des formations. Les modules de formation sont ensuite adaptés aux besoins des différentes stations de pilotage pour coller à l’évolution technologique et mettre les pilotes en situation. Une fois la formation terminée, les pilotes procèdent à l’analyse de la formation afin de modifier le contenu soit sur le fond soit sur le temps de formation.
« Nous avons un cursus commun pour tous les pilotes mais nous adaptons aussi les formations en fonction du niveau des pilotes », continue le responsable qualité de la FFPM. Ainsi, lors d’exercices sur des simulateurs, les mêmes choses ne sont pas faites pour des pilotes dont l’expérience est plus grande que pour des jeunes. « Les différences entre les pilotes se font selon la tranche de navires qu’ils peuvent piloter. Il nous paraît alors plus important d’adapter les exercices sur les simulateurs en fonction de la tranche à laquelle appartient le pilote », explique Cyrille Albaladejo.
En outre, les stations de pilotage françaises ont des besoins spécifiques. Récemment, la FFPM a organisé une formation d’anglais pour les patrons de pilotine afin qu’ils soient plus à l’aise lors des communications avec les ports et les navires. « Les pilotes français sont propriétaires de leurs pilotines. Cela n’est pas forcément le cas dans tous les pays européens. Nous devons donc former nos équipages. » Cette première expérience a montré que le nombre d’heures de laboratoire est important. « Nous devons considérer ce point pour voir si nous étalons cette formation sur plusieurs jours ou si nous devons réfléchir à une nouvelle façon de l’aborder. »
Une mutualisation européenne
La formation continue étant issue d’une recommandation de l’OMI, la mutualisation européenne serait envisageable. La Fédération française des pilotes maritimes y est favorable. « Elle est déjà un peu en marche puisque nombre de pilotes européens viennent s’exercer à Port Revel sur des modèles réduits. » Pour Cyrille Albaladejo, adopter des formations au niveau européen est une bonne idée mais les États membres doivent conserver la possibilité d’adapter la spécificité de leur métier localement. Quant à l’actualisation des recommandations de l’OMI, il les juge encore adaptées. « Les recommandations de l’OMI ont une dizaine d’années. Elles sont encore suffisamment complètes. Nous travaillons beaucoup sur le Bridge Ressource Management et le repos des personnels embarqués. » Des questions qui sont en cours d’être réglée au niveau de l’Organisation internationale du travail.