C’est à l’unanimité que la Région Bretagne a adopté, au mois février, le financement des travaux relatifs au développement du port de Brest. Si le coût annoncé de ces travaux atteint les 220 M€, ce montant n’est pas entièrement dévolu à l’accueil des énergies marines renouvelables (EMR). Il englobe également les travaux visant à accroître l’activité du port en offrant un meilleur accès aux quais (creusement de chenaux d’accès et de souilles). Depuis septembre, la stabilisation du polder 124 a démarré. Il s’agit de la première étape d’un chantier de grande envergure dont l’achèvement est prévu en 2020. Dès le départ, il était clair que ce projet visait surtout l’accueil d’activités industrialo-portuaires liées aux EMR. Et c’est d’ailleurs toujours le cas en dépit d’incertitudes entourant le développement de ces projets au niveau national. « Nous sommes réellement dans du concret », assure pourtant Jean-Jacques Le Norment, chef de projet du développement du port de Brest, qui travaille assidûment avec des groupes tels que STX, Eiffage ou encore DCNS. « Nous tenons la cadence et nous allons voir si les industriels vont suivre. » Sont ainsi en cours la validation des schémas techniques et logistiques et la manière de voir comment des améliorations peuvent encore être apportées aux solutions des industriels sur Brest.
« Brest n’est pas un port comme les autres »
« On s’aperçoit que Brest n’est pas un port comme les autres, poursuit Jean-Jacques Le Norment. Les liaisons terre-mer par marnage important doivent être bien pensées et pleinement adaptées. » Et ce d’autant plus que le port du Ponant est « sur un positionnement de fabrication ou d’accueil de colis de grandes tailles et de grandes masses, soit plus de 1 000 t ». C’est clair. Ce qui explique des portances de 4 t/m2 sur 12 ha du polder et de 15 t/m2 sur les quais.
La question qui se pose est bien évidemment celle de la pertinence de tels investissements et de tels travaux dans un contexte où tout est quand même suspendu aux marchés qui vont se déclencher… ou pas. Pour l’heure, Brest continuant à travailler sur une solution prioritaire de construction de jackets, toutes les opérations sont envisagées et vérifiées avec les futurs utilisateurs (usine, stockage de pièces, mise à bord sur des barges…). Se voulant, à court terme, un site où sera accueilli l’éolien posé, Brest a toujours en perspective, à plus long terme, l’accueil d’éoliennes flottantes. « Nous avons passé beaucoup de temps avec les industriels pour proposer une offre qui tienne la route », souligne Jean-Jacques Le Norment. Ce qui n’empêchera pas de recevoir sur le polder la fabrication des hydroliennes prévues pour Paimpol-Bréhat (projet DCNS) ou pour le Fromveur à Ouessant (projet Sabella). Et si le marché des EMR n’est pas au rendez-vous, le fonceur qu’est le chef de projet du développement du port de Brest balaie les doutes d’un revers de main: « De telles infrastructures sont taillées pour recevoir d’autres activités, et les ports d’accueil de ce type sont plutôt rares. »