Les services portuaires auraient rêvé mieux. Le coup d’arrêt des importations de pétrole brut, après la fermeture de la raffinerie des Flandres, s’est traduit par un recul de 13 % des remorques par an (700 à 800 opérations) et autant du chiffre d’affaires de la société de remorquage. La société coopérative de lamanage a enregistré une diminution de 11 % des opérations et 10 % de son chiffre d’affaires (CA). Pour le pilotage, cela a représenté un manque à gagner de 835 mouvements (12,4 %) et un recul de près de 18 % du CA.
Optimisme raisonnable
Nouveau revers fin 2012 avec la fermeture de la centrale thermique de Kingsnorth, en Grande-Bretagne, qui était alimentée en charbon par le port de Dunkerque. Cette fois, pour le pilotage, cela signifie un retrait de 250 mouvements, soit l’équivalent d’un pilote à l’année. En 2013, la société de remorquage Boluda Dunkerque accuse une régression de 3 % de ses opérations. En ce début 2014, les services portuaires se montrent « raisonnablement optimistes ». Plusieurs facteurs expliquent cela. À commencer par les bonnes perspectives d’Arcelor Mittal et des trafics de pondéreux. C’est notamment le cas pour les efforts entrepris afin d’alimenter le port de Brème en charbons par transbordement maritime via Dunkerque.
Raccourcir les délais
« Nous réalisons 40 % de nos recettes avec ArcelorMittal », affirme le président du Syndicat des pilotes, Hervé Gauducheau. Deux navires au moins (charbon et minerais) sont traités chaque jour. « Nous devons souvent travailler en flux tendu, explique-t-il. C’est notamment le cas pour les transbordements vers le port allemand. Nous participons à la fluidification des trafics et à la réduction des temps d’escale. »
Le pilotage, qui a gelé les recrutements après l’arrêt de la raffinerie des Flandres, a ainsi vu ses effectifs passer de 34 à 28 pilotes. Ils seront bientôt 30 après une embauche en juillet 2012 et une autre prévue pour cet été (un concours est ouvert pour juin).
Pilotage, remorquage, lamanage et l’ensemble des métiers portuaires sont constamment en contact et se retrouvent deux fois par an pour une réunion organisationnelle. « Nous sommes prestataires de services, rappelle Bruno Mahieu, responsable opérationnel armement pour la société de remorquage Boluda Dunkerque. Mais nous mettons tout en œuvre pour raccourcir les délais de traitement. »
Un simulateur de pilotage
Autre élément qui pousse à l’optimisme et pour lequel se préparent les trois services portuaires: la mise en service du terminal méthanier qui sera prêt d’ici fin 2015. Compte-tenu d’une montée en puissance progressive, de 2016 à 2020, le nouvel équipement générera environ 80 navires par an auxquels il faudra ajouter le trafic que produira la station d’avitaillement en GPL en projet.
C’est dans cette perspective que la station de pilotage a décidé d’investir 800 000 € pour se doter d’un simulateur de pilotage. Les premières démarches ont été entreprises dès 2008 afin de faciliter et d’améliorer la formation des pilotes et plusieurs écrans ont été acquis. Mais jusqu’ici, les simulations de pilotage ont été faites avec les pilotes du Havre avec lesquels une convention a été signée. Un pas supplémentaire a été franchi avec un projet d’acquisition en propre portant sur un bâtiment et sur la partie soft (une salle de huit écrans pour la simulation des manœuvres) qui doit être livrée d’ici un an par la société russe Transas (Saint-Petersbourg). Cela laisserait six mois aux pilotes, un délai raisonnable, pour se former aux manœuvres sur le site du terminal méthanier. Le permis de construire du bâtiment a été déposé et les premières études (thermique et sols) ont été lancées au début de cette année.
Toujours, pour une bonne partie, dans la perspective de la mise en service de ce terminal et pour répondre aux besoins d’Arcelor, le pilotage a, en 2012, remplacé son hélicoptère (un Écureuil AS 355) par un Eurocopter EC135. Ce dernier peut emmener davantage de pilotes et rester en stationnement sur une seule turbine sans changer d’altitude. Enfin, un an et demi après l’acquisition d’une nouvelle pilotine Marchand, un autre projet est en cours pour une unité Renous de 14 m, soit un investissement de 800 000 € environ. La flotte (cinq unités) est pratiquement neuve. « Tout est fait, résume Hervé Gauducheau, pour que le pilotage s’adapte au mieux aux trafics nouveaux et au développement des vracs. Et pour être opérationnel par tous les temps. »
Côté remorquage, la société Boluda Dunkerque est en train de négocier avec le GPMD pour le renouvellement de son agrément d’ici 2015. Là encore, l’ouverture du terminal méthanier a été anticipée avec la modernisation de la flotte. Celle-ci porte sur six remorqueurs dont cinq de 40 t et deux de 70 t, plus performants.
À la coopérative de lamanage, on a aussi diversifié la flotte de huit vedettes, avec un investissement de 550 000 €, afin d’être à même d’intervenir sur le futur terminal gazier. Mais le trafic s’étant déplacé au port Ouest, la société investit régulièrement dans sa flotte de transports terrestres: six camions Cabestan et six véhicules Kangoo pour accompagner les 41 lamaneurs.