L’annonce, par le groupe Total, de la fermeture définitive de la raffinerie des Flandres, en 2010, a fait l’effet d’un coup de tonnerre sur l’économie dunkerquoise. Mise en service en 1974, à l’époque du premier choc pétrolier, elle approvisionnait jusqu’à 8 % du marché français et employait 370 salariés. Elle était la dernière à avoir été construite en France. Pour le port, la raffinerie représentait un trafic de 10 Mt, dont 7 Mt de pétrole brut.
Fermeture de Diester Industries
De 13,48 Mt en 2008 (dont 5,78 Mt de pétrole brut) et 23 % du trafic total, les vracs liquides chutent à 6,1 Mt en 2013, soit 14 % du trafic global. L’an dernier, les produits raffinés, le seul poste qui subsiste désormais pour les hydrocarbures, ont chuté de 7 % en présentant un tonnage de 5,2 Mt. Les autres vracs liquides (0,9 Mt) sont également en repli de 29 %.
La raison essentielle de ce nouveau retrait porte sur une autre fermeture, en fin d’année: celle de Diester Industries, une usine de production de diester située dans la périphérie dunkerquoise, à Coudekerque-Branche. Cette filière biocarburant du groupe Lesieur a fait les frais de la volonté de Bruxelles de diminuer la part des biocarburants dans le diesel en la ramenant à 5 %. L’objectif ayant été fixé à 10 % à l’horizon 2020, les nouvelles dispositions européennes ont entraîné une surcapacité de production pour l’usine dunkerquoise. Son arrêt a impacté l’activité du port de plus de 300 000 t. Au total, sur l’exercice 2013, les vracs liquides sont en régression de 11 %.
Rubis Terminal élargit son hinterland
Ces événements ne signifient pourtant pas la fin des vracs liquide pour le port de Dunkerque. En décembre 2013 s’est achevée la réalisation d’une nouvelle canalisation de 6 km pour le transport d’hydrocarbures entre le terminal de la société Rubis, sur le môle 5 du port Est, et le point de jonction du réseau Trapil des oléoducs nationaux. Ce point se situe sur le port central.
Cette liaison, opérationnelle depuis le début de cette année, permet d’acheminer des produits raffinés vers l’est de la France, le Benelux et l’Allemagne. Pour le port, cela conduit à un élargissement conséquent de l’hinterland et, grâce à une réduction des coûts de transport, à un progrès en termes de compétitivité.
D’une capacité de stockage de 475 000 m3, le terminal du môle 5 a pu voir transiter jusqu’à 2 Mt de produits lorsque le marché des biocarburants était en forte croissance. Déjà doté d’un pipeline, il constitue une plate-forme importante pour l’importation et la distribution en Europe du Nord de produits pétroliers et chimiques, d’engrais et de produits agroalimentaires.
La part des autres liquides
S’ils sont en régression de 31 % en 2013, avec un total de 900 000 t dont 500 000 t à l’import et 400 000 t à l’export, les autres liquides ne doivent pas être considérés comme quantité négligeable, rappelle-t-on à la direction du GPMD. On pense notamment à des trafics comme les huiles de l’usine Lesieur ou aux expéditions d’alcool de la distillerie Ryssen Alcools.
Filiale du groupe CropEnergies, l’un des principaux producteurs européens de bioéthanol, Ryssen Alcools exploite ainsi à Loon-Plage, sur le port Ouest, un des plus grands sites européen de rectification et de déshydratation d’alcool brut d’origine agricole. L’usine produit 2 millions d’hectolitres (hl) par an et exploite son propre parc de stockage (300 000 hl) lui permettant d’entreposer une grande variété d’alcools. Ses produits sont destinés aux applications des alcools industriels et potables et, pour la partie déshydratation, à l’industrie, à la chimie et aux biocarburants. L’usine utilise la route, le rail, les liaisons fluviales et la voie maritime. Elle possède 150 clients répartis dans 36 pays.