La Japan Fair Trade Commission (JFTC) a frappé sec le 18 mars, en particulier sur la NYK Line, dans le dossier des ententes entre opérateurs de transporteurs de voitures. Elle a en effet décidé d’infliger un total de 223,5 M$ ou 160,7 M€ d’amende à quatre compagnies maritimes: NYK Line (128,9 M$ ou 92,7 M€), K Line (56,0 M$ ou 40,3 M€), Wallenius Wilhelmsen Logistics (34,4 M$ ou 24,7 M€), et Nissan Motor Car Carrier, filiale commune de Mitsui OSK Line, de Hoegh Autoliners et de Nissan Motor Co. (4,1 M$ ou 3 M€). MOL s’en sort sans avoir à verser un seul yen du fait de sa coopération avec les autorités, voire plus. Le Jiji Press ne s’était pas trompé de beaucoup en estimant, le 9 janvier, à 211 M$ le montant total des amendes. Leur paiement est attendu pour le 19 juin au plus tard. La JFTC a exigé des compagnies citées qu’elles cessent immédiatement leurs pratiques d’encadrement de la concurrence qui ont entraîné une restriction « déraisonnable » de l’offre de transport. L’agence japonaise de la concurrence a également demandé au ministère chargé des transports d’annuler toutes les exemptions au droit de la concurrence dont bénéficiaient ces transporteurs via différents services communs. Les infractions aux règles de la concurrence ont duré de mi-janvier 2008 au 6 septembre 2012. Maintien artificiel des taux de fret et entente sur les réponses aux appels. Toutes les dessertes maritimes sont concernées et détaillées par la JFTC: vers l’Amérique du Nord, NYK Line, K Line, WWL et MOL ont agi de concert. Vers l’Europe, Nissan les a rejoints. Vers le Moyen et Proche-Orient ainsi que vers l’Océanie, la NYK Line, la K Line et MOL se sont concertés.
Les transporteurs doivent informer leurs clients de leur infortune et des mesures correctives qu’elles doivent prendre. Ils ont également l’obligation d’informer leurs salariés et de leur faire suivre une formation afin que soit respecté complètement le droit japonais de la concurrence.
Les dirigeants de K Line baissent leur salaire
La K Line a réagi le jour même en présentant ses excuses à ses clients, ses actionnaires et à toutes les parties concernées. Compte tenu de l’importance du dossier, le président de la compagnie (CEO), les directeurs et les cadres dirigeants en charge des services de car carriers ont décidé de restituer entre 10 % et 30 % de leur salaire mensuel durant trois mois.
L’affaire n’est pas terminée pour autant. De nouvelles condamnations devraient être prononcées aux États-Unis où 25 procès sont en cours. La Commission européenne pourrait également un jour sortir de son silence. Enfin, le Canada faisait partie des États dont les agences chargées de la concurrence ont effectué le 6 septembre 2012 des « descentes » dans les bureaux des compagnies maritimes.
Enfin leurs clients, chargeurs puissants, pourraient avoir modérément apprécié les pratiques de leurs fournisseurs et déposer plainte. Au Japon, ce dossier prend une tournure spécifique du fait de la présence de grands groupes industriels et commerciaux fortement intégrés. Ainsi la sogo shosha Mitsubishi comprend-elle le groupe NYK et Mitsubishi Motor Cars. Même schéma chez Nissan contrôlé Renault. De discrets arbitrages internes pourraient avoir lieu dans les prochaines semaines.
Est-ce la raison pour laquelle le dossier de presse de la JFTC se termine par une illustration visiblement destinée au grand public expliquant comment les constructeurs automobiles japonais et leurs distributeurs se sont fait arnaquer par des transporteurs principalement japonais?