Transdev, l’actionnaire majoritaire, a voté contre et l’État s’est abstenu, aboutissant au rejet de la délibération, ont affirmé à l’AFP une source proche du dossier et une source syndicale. L’élu de la CFE-CGC, Pierre Maupoint de Vandeul, a déploré cette « abstention de l’État qui ne contre pas le vote hostile de l’actionnaire privé ». « On a un État qui s’arcboute sur la question du financement », a-t-il dit.
« On obtient un conseil de surveillance le 7 mars à Paris, date butoir fixée par STX pour la signature de la lettre d’intention. Si d’ici là le gouvernement ne s’engage pas, le projet de modernisation de la SNCM se retrouvera en grand danger car on risque de lui faire prendre à nouveau un an de retard », a prévenu le syndicaliste.
L’achat de deux rouliers mixtes constitue une étape essentielle du plan de redressement sur lequel s’était engagé le ministre des Transports, Frédéric Cuvillier, pour mettre fin à une grève de près de 10 jours début janvier.
Ce plan comprend, outre le renouvellement de la flotte, l’augmentation du temps de travail et un plan de départ de 500 postes (sur 2 600), dont le coût est chiffré à 45 M€; le tout pour obtenir une meilleure productivité. La clé, selon la direction, de la sauvegarde de l’entreprise.
Éventuelle décision le 15 avril
Le gouvernement avance de son côté l’échéance de mi-avril pour la validation du montage financier. « Le 9 janvier, j’ai engagé un travail sur le montage financier permettant le renouvellement de la flotte de la SNCM. J’ai demandé à la Banque publique d’investissement (BPI) et à la Caisse des dépôts et consignations (CDC) de me faire des propositions sous deux mois, afin qu’elles soient présentées au conseil de surveillance de la SNCM le 15 avril au plus tard, pour une commande avant le 30 juin », a précisé dans un communiqué (à diffusion restreinte) Frédéric Cuvillier .
Le 18 décembre, les représentants de la CDC chez Transdev se sont joints à leurs homologues de Veolia, pour souligner qu’« aucun autre soutien financier ne pourra être apporté à la SNCM » hormis les derniers 13 M€ promis en juin.
Le ministre ajoute qu’« en parallèle, des travaux techniques sont en cours pour préparer la commande des navires. […] Il y a encore du travail à faire sur les prix, les spécifications et les délais de livraison. […] Un nouveau conseil de surveillance est prévu le 7 mars et permettra de faire le point sur cette question ».
Pour Roland Blum (UMP), premier adjoint au maire de Marseille, « le gouvernement socialiste renie sa parole et trahit le personnel de la SNCM ». Il doit « changer d’attitude […] et jouer son rôle d’actionnaire en faisant voter cette lettre de commande », estime l’élu. « À défaut, il prendra la responsabilité de la disparition de 2 500 emplois que compte la SNCM, sans oublier les sous-traitants. »
Aujourd’hui, le capital de la SNCM est détenu par l’État à 25 %, par les salariés à 9 % et par Transdev (filiale commune de Veolia et de la CDC) à 66 %. Elle fait face à la volonté de désengagement de Transdev et de son actionnaire indirect Veolia. En outre, l’État doit gérer la double condamnation européenne l’obligeant à récupérer auprès de la SNCM 440 M€ d’aides publiques jugées illégales. Sans oublier les 60 M€ que la collectivité territoriale de Corse doit toujours à la SNCM.