« Je crois qu’Alberto Alemán est largement responsable de ce qui est arrivé, a déclaré Ricardo Martinelli au canal Nex TV. Il se fait discret, mais il devrait donner des explications et se montrer parce qu’il a beaucoup à dire à ce sujet et de nombreuses personnes l’accusent d’être responsable de ce fiasco. » Alberto Alemán Zubieta était l’administrateur du canal en 2009, lorsque le contrat des travaux d’élargissement du canal, estimé à 3,2 Md$, a été attribué au consortium Groupe uni pour le canal (GUPC), dirigé par le constructeur espagnol Sacyr. La proposition du GUPC était alors d’environ 1 Md$, moins élevée que celle du concurrent le plus proche. Mais le consortium a maintenant suspendu ses travaux faute d’accord avec l’Autorité du canal de Panama (ACP) sur un surcoût estimé par le GUPC à 1,6 Md$ et dû à des problèmes géologiques imprévus sur le chantier. Pour le président panaméen, ce conflit était prévisible, sachant notamment qu’à l’époque, « Sacyr rencontrait des difficultés financières » après l’éclatement de la bulle immobilière en Europe en 2008. Après 16 années passées à la tête de l’ACP, Alberto Alemán a passé la main à Jorge Quijano en 2012. Le 7 février, Jorge Quijano a toutefois assuré qu’il y a une « possibilité » d’arriver à un compromis avec le consortium grâce à une proposition de l’ACP de cofinancement. Le consortium souhaite désormais « travailler sur cette proposition, avec de petits changements », selon une porte-parole de Sacyr. L’ACP se prépare « à prendre les actions que nous permet le contrat pour relancer le projet ».
Quelques heures avant cette annonce, l’entreprise espagnole Sacyr a annoncé la suspension des travaux « en raison du refus exprimé par l’ACP de prolonger la négociation », puis a lancé un démenti le soir du 5 février, engendrant confusion et inquiétudes. « Ces dernières semaines, nous avions réduit le rythme des travaux et désormais, nous avons été dans l’obligation de les suspendre en raison du problème de liquidité que nous avons évoqué, a expliqué le 7 février la porte-parole de Sacyr. Malgré tout, nous continuons de plaider pour la négociation. » Ce projet doit, selon le calendrier initial, être achevé en 2015 mais le contentieux qui oppose les parties depuis fin novembre pourrait, selon le GUPC, retarder de cinq ans l’aboutissement des travaux.
(Voir notre article p. 15)