Stéphane Pavillon est aussi le principal actionnaire d’une toute nouvelle société, Yachting & Cruises (Y&C). Également basée en Irlande, Y&C a pour vocation d’assurer la sûreté des paquebots et des yachts de très grande plaisance. Si la piraterie (au sens de la convention de Montego Bay) baisse fortement au large de la Somalie, les agressions dans les eaux territoriales des États du golfe de Guinée progressent fortement, et la prochaine loi française autorisant la présence d’équipes armées sur les navires français n’apportera aucune solution. D’une part, elle ne s’appliquera qu’à l’extérieur des eaux territoriales (voir p. 12). D’autre part, le Nigeria, de façon unilatérale, assimile la ZEE à la mer territoriale. Obligation est donc faite d’utiliser des militaires nigérians. La « corruption » régionale ne facilite pas la prestation d’un service d’une qualité minimale. Les agresseurs somaliens ont, au fil du temps, changé de méthode: ils ne partent plus à l’assaut de la muraille d’un navire. Ils préfèrent tirer une, deux ou trois roquettes antichar afin de convaincre le commandant de stopper. Les Somaliens recherchent des otages et non pas la cargaison ou le navire. Dès lors, tous les types de navires sont des cibles potentielles. La question de l’appréciation du risque par le capitaine du navire ou le chef d’équipe ainsi que de la possibilité de tirs de semonce sont en débat au sein du Conseil national des activités privées de sécurité (Cnaps).
Pour une mission de cinq jours maximum, Gallice exige d’avoir trois gardes à bord. Au-delà, l’équipe passe à quatre si la drôme du navire le permet.
Compte tenu de l’importance de la flotte française susceptible de faire appel à des gardes armés et des contraintes coûteuses imposées par la prochaine loi, Stéphane Papillon ne prévoit pas d’augmentation significative du chiffre d’affaires de Gallice. Le marché restera à 95 % dans les mains des sociétés anglo-saxonnes.
La croisière est le vrai marché de la sûreté
Le « déni du risque » d’attaque terroriste des paquebots surprend Stéphane Papillon. La prise d’otages à bord du paquebot Achille-Lauro par le Front de libération de la Palestine en octobre 1985 a été oubliée.
Un commando de 10 à 15 personnes embarquant comme passagers payants pourrait faire l’ouverture de tous les journaux télévisés du monde lors d’une grande soirée réunissant la majorité des 2 000 à 3 000 passagers de différentes nationalités. L’introduction d’armes automatiques et de leurs munitions lors d’une escale de transit n’est pas un problème, affirme Stéphane Papillon. Qui ira porter secours aux passagers à plusieurs heures de navigation? L’État d’immatriculation? Les États dont les passagers sont citoyens? Quelle coordination? Des anciens agents du Mossad embarquent déjà sur certains paquebots faisant escale dans les ports américains comme barman ou autre serveur. Stéphane Papillon espère bien se placer sur ce marché à grand potentiel.