« Auparavant j’étais en poste au Brésil et je n’avais pas besoin de vendre le pays. La Turquie, il faut la vendre. Ce pays souffre d’une image négative et de nombreux clichés. Or les Turcs sont francophones. Dix-huit millions d’entre eux vivent aux standards européens. La Turquie compte 76 millions d’habitants, soit autant que l’Algérie, le Maroc et la Tunisie réunis pour un PIB 2,5 fois supérieur, totalisant 772 Md$ contre 304 Md$ pour les pays du Maghreb », avoue Éric Fajole. Cependant, le directeur d’Ubifrance à Istanbul risque d’avoir un peu plus de mal encore à « vendre » le pays depuis qu’ont éclaté les affaires de corruption. L’insolent taux de croissance de 4 % annoncé par le FMI pour 2014 pourrait être revu à la baisse dans les semaines qui viennent.
Néanmoins, depuis quelques années, les déçus du made in China relocalisent en Turquie, en particulier dans les secteurs de l’automobile et du textile. En 2011, trois quarts des investissements directs étrangers étaient d’origine européenne. En 2012, Aéroports de Paris a déboursé 700 M€ pour prendre 38 % du capital de TAV, gestionnaire des aéroports turcs. Ces derniers mois, des grands noms se sont implantés en Turquie: Yves Rocher, Essilor, Sanofi, Gemalto… Fin novembre, Jacques Saadé, le p.-d.g. du groupe CMA CGM, s’est mis en quête d’un terrain à Istanbul pour y édifier une tour. La ville aux 14 millions d’habitants se caractérise désormais par ses très nombreux gratte-ciel et des centres commerciaux flambant neuf. « Une cinquantaine de PME françaises ont investi en Turquie en 2013 », indique Éric Fajole.
Inversement, les sociétés turques s’intéressent de plus en plus au marché français soit en prenant des parts au capital (Yldirim avec CMA CGM) soit en développant leurs propres marques dans l’Hexagone à l’instar de Beko, filiale du géant de l’électroménager Arçelik, ou de Vestel.
La Turquie s’est hissée au rang de premier producteur de téléviseurs en Europe et deuxième pour l’électroménager. Elle détient la cinquième position dans la production européenne d’automobiles.
En parallèle, le pays entend tirer profit de sa situation géographique idéale, au confluent des routes de l’Occident et de l’Orient. Fin 2013, Istanbul a inauguré un tunnel ferroviaire sous le Bosphore afin de faciliter la circulation entre la rive asiatique et la rive européenne. Au bord de l’asphyxie, la ville est devenue le cauchemar des automobilistes. Le pays, qui s’est engagé dans des travaux de grande ampleur, envisage de construire un canal à péage pour le transit des navires. Sous couvert de renforcer la sécurité sur le Bosphore, la Turquie entend par ce biais augmenter la part des recettes fiscales.
Des relations dynamiques entre la France et la Turquie
En 2012, les échanges entre la France et la Turquie ont atteint 12,6 Md€ avec un solde positif pour la France d’1,2 Md€, même si la part de marché à tendance à diminuer. Troisième partenaire commercial de la Turquie après l’Allemagne et l’Italie, la France a exporté 6,9 Md€ en 2012 (+ 3 %). Ce sont principalement des matériels de transport (automobile, avions), des matériels électriques, de la chimie, des cosmétiques qui sont exportés. En 2012, les exportations turques vers la France ont reculé de 4 % pour atteindre 5,7 Md€; 40 % sont des biens automobiles, 25 % du textile et de l’habillement. Ubifrance note en outre une forte montée en puissance des machines industrielles et agricoles. Rhône-Alpes et Provence-Alpes-Côte d’Azur (2 Md€ import/export) sont particulièrement dynamiques.
Le transport en chiffres
• 8 300 km de côtes
• 2 000 déclarants en douane
• 1 200 entreprises de transport routier
• 1 000 compagnies maritimes
• 200 logisticiens