Le conteneur, carte maîtresse d’Haropa

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« Il faut rester prudent mais le déploiement d’une offre supplémentaire est toujours une bonne nouvelle. Et Le Havre est bien positionné. Cinq services supplémentaires sur l’Asie avec le P3, c’est, sur un volume global du trafic, 37,6 % de conteneurs EVP plein. Trois services sur les États-Unis, c’est 33,7 % d’EVP plein également. La réforme portuaire a conforté les armateurs. Nos clients réclament des fréquences mais aussi un bon transit time. Et sur ce point, nous avons les meilleurs transit times sur l’Asie y compris par rapport aux ports méditerranéens. Un bon transit time pour un armateur, ce sont des jours de trésorerie gagnés », analyse Hervé Cornède, le directeur commercial d’Haropa et directeur commercial-marketing du Grand port maritime du Havre (GPMH). « Le P3 a en effet du poids, mais les autres alliances comme le G6 sont également importantes sur le trade Asie », ajoute Hervé Cornède.

Et lorsqu’on sait qu’Haropa a enregistré une hausse de son trafic conteneurisé de 7 % sur les neufs premiers mois de l’année 2013, les indicateurs semblent au vert. Le trafic conteneurs des ports du Havre, de Rouen et de Paris résiste donc à la crise. Des résultats d’autant plus encourageants que la concurrence du nord de l’Europe n’enregistre que de faibles progressions, voire une régression de leurs flux.

En 2012, le trafic maritime conteneurisé au Havre était réparti par continent de la manière suivante: l’Asie pour 41 % du volume (EVP en import-export), l’Amérique 23 %, l’Europe 18,5 % et l’Afrique 9 %. Sur les EVP pleins transbordés au Havre, la répartition était de 55,6 % pour l’Asie, 25,4 % pour l’Amérique, 9,4 % pour l’Afrique et 7,5 % pour l’Europe. Sur ces transbordements, là aussi la croissance est au rendez-vous grâce à la montée en puissance de TNMSC sur Port 2000.

À fin septembre 2013, l’augmentation des transbordements a été de 54 % sur le hub Haropa. Les transbordements en provenance du Portugal, du Royaume-Uni, de l’Irlande et de l’Espagne ont affiché une progression supérieure à 100 % par rapport à 2012. « Le transbordement est quelque chose de génétique pour le port du Havre. Et la taille des navires n’est pas un obstacle puisque nous avons la capacité d’accueillir les plus grands. On ne peut pas séparer le transbordement de l’hinterland. Pour réussir, il faut donc un hub de transbordement. Nous avons des connexions avec l’Espagne et la Grande-Bretagne. Mais nous sommes également un hub pour les ports français avec des connexions sur Nantes Saint-Nazaire, Bordeaux ou encore La Rochelle. Un autre exemple: les volumes en provenance d’Extrême-Orient transbordés via Le Havre se développent également avec une augmentation de 35 %. Ils se développent en direction de l’Irlande, mais aussi, et ce qui est nouveau, vers l’Espagne. »

Au Havre, l’année 2013 a été caractérisée par l’arrivée de nouveaux trades. Depuis le mois de juillet, un nouveau service, assuré par Evergreen, s’est positionné sur l’Asie. Ce service, qui cible principalement les trafics import de Chine, est également le seul à proposer une liaison directe avec Taïwan. Il se positionne aussi sur des trafics intra-Europe grâce à son escale au port du Pirée (Grèce). Il existe également un service conjoint entre CMA CGM et Marfret entre Le Havre et le Pacifique Sud (Papeete, Nouméa, Nouvelle Zélande…) qui double sa fréquence pour devenir hebdomadaire depuis la mi-septembre. Sur le Trade Amériques, un nouveau service de MSC et CSAV relie l’Équateur et la Floride au Havre depuis le mois de mars. Sur l’Afrique de l’Ouest, un service Nile Dutch double sa fréquence au Havre pour devenir hebdomadaire. Un service Delmas, déjà client du port du Havre, escale depuis le mois de mai à Rouen (Nigeria Express). Rouen enregistre également trois nouveaux services avec les armements Safmarine MPV, RMR Shipping et Hartman Project Line.

Entre janvier et mi-juillet, Le Havre a cinq nouveaux services feeders, un service CMA CGM qui connecte Le Havre avec l’Irlande et la côte Ouest de la Grande-Bretagne, trois services MSC (Liverpool, Irlande, France) et un service X-Press pour les trafics en provenance du Portugal.

D’un point de vue général, Hervé Cornède observe ces derniers mois une baisse du trafic Asie à l’import sur le trafic conteneurs du Havre. « C’est dû notamment à la baisse de la consommation en Europe au premier semestre », commente-t-il. Par contre, le trafic augmente fortement à l’export vers les États-Unis, une augmentation de l’ordre de 18 % confirmant ainsi la reprise économique américaine.

« Nous avons aussi la satisfaction de voir une bonne progression vers l’Afrique grâce à la qualité de l’offre Le Havre-Rouen. » Autre motif de satisfaction pour le directeur commercial, le gros développement du reefer avec une hausse de 19 % au premier semestre 2013 par rapport à la même période de 2012. Haropa vient de signer un nouvel accord de partenariat avec le marché de Rungis, le premier marché mondial de produits frais. « Le consommateur chinois consomme de plus en plus de produits français dans le domaine de l’alimentaire. C’est un signe positif pour nous. Grâce à nos infrastructures logistiques et aux services douaniers, le reefer est un produit d’excellence au Havre. » Autre point fort, le trafic d’un produit à haute valeur ajoutée, les vins et spiritueux, avec pour Haropa 950 millions de bouteilles en 2013. Pour Hervé Cornède, il n’est pas possible de dissocier les flux conteneurs avec les implantations logistiques.

Haropa Port de Rouen cultive depuis de longues années une spécificité parmi les grands ports maritimes de l’Hexagone, celle de la polyvalence. Fort d’un historique de poids sur les liaisons Nord-Sud, le port a cultivé au fil des années un savoir-faire que certains manutentionnaires rouennais nomment le « cousu main ». Aujourd’hui, conteneurs, conventionnel, roulier et colis lourds sont tous présents sur les terminaux rouennais. Le savoir-faire rouennais constitue une vertu que les entreprises entendent bien préserver.

Rouen, spécialiste des liaisons Nord-Sud

Rouen s’est positionné dans le domaine de la conteneurisation dès l’origine sur les liaisons Nord-Sud. Le premier service conteneurisé rouennais a été mis en place entre Rouen, Lisbonne et Casablanca. Le port marocain figure toujours aujourd’hui parmi les destinations régulières couvertes depuis Rouen. L’Afrique représente le principal secteur d’opération du port normand. Mais depuis le début des années 1980, Rouen s’est positionné sur les Antilles françaises et la Guyane, avant de s’ouvrir au Pacifique. Sur le plan européen, des liaisons ont été développées sur l’Irlande et la Finlande.

Globalement en 2012, le port de Rouen a enregistré un trafic de près d’1 Mt de marchandises conteneurisées, soit 4 % de moins qu’en 2011, et 127 530 EVP (− 2,4 %). Pour l’année en cours, les chiffres s’annoncent en retrait, mais les volumes acheminés par la navette Rouen Port 2000 sont désormais comptabilisés en trafic fluvial.

Le port de Rouen reçoit chaque semaine plusieurs services entièrement conteneurisés: il s’agit des lignes Eucon Line (desserte de l’Irlande) à Radicatel, les liaisons Antilles et Guyane/Nord Brésil de CMA CGM et Marfret, le service Nigeria Express de CMA CGM/Delmas (Afrique de l’Ouest) et la ligne CMA CGM/Comanav/Van Uden Maghreb Service (Casablanca). Mais plusieurs autres services manutentionnent des conteneurs tout en demeurant ouverts à d’autres marchandises (conventionnel, vrac, roulier), en particulier les services Seatrade (Pacifique Sud) et Streamlines (Caraïbes), Safmarine, Hartmann et Bocs (Afrique), ou encore Promarline/Finnlines (Finlande).

À côté de ces dessertes directes par navires existent également plusieurs services de barges reliant Rouen et Le Havre, à commencer par la navette Rouen/Port 2000 de Fluvio-Feeder (avec le porte-conteneurs Serenada de 300 EVP), ou encore les liaisons proposées par MSC ou Mærsk.

En matière de terminaux, les trafics conteneurisés sont manutentionnés au terminal de Grand Couronne/ Moulineaux, mais également à Radicatel. Les services proposés en fluvial desservent également le quai de l’Ouest ou encore le quai de Rouen Quevilly. Le trafic par barge contribue fortement à l’élargissement des zones de destination ou de provenance des conteneurs transitant par Rouen.

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