Deux solutions s’offrent aux actionnaires, Transdev, l’État et la Caisse des dépôts: soit la société est liquidée, soit les sommes demandées par l’Union européenne sont remboursées. Dans l’hypothèse où les actionnaires pencheraient plutôt pour la seconde solution, il faudrait alors trouver des fonds pour rembourser les 440 M€ demandées par l’Union européenne, 220 M€ au titre des aides illégalement perçues et 220 M€ pour les sommes reçues lors de la privatisation. Qui payera? La pression sur Transdev est forte, mais compte tenu de ses difficultés financières actuelles, elle la reporte sur Veolia. Il faudrait un montage financier qui permettrait de se sortir de cette situation, et surtout de financer le plan de relance de l’armement. En effet, outre ses déboires judiciaires avec l’Europe, la SNCM doit imaginer ce que sera son avenir après avoir réglé les différentes factures. Le renouvellement de la flotte des navires, dossier jugé important par le ministre lors d’une conférence de presse en août, est loin d’être bouclé. Il faudra de nouveau bâtir un plan de financement.
L’autre alternative est de jeter l’éponge et de sonner la fin du combat. La cession des biens mobiliers et immobiliers permettrait de régler une partie de la facture. Une solution qui pourrait embraser la cité phocéenne à quelques mois des élections municipales. Politiquement, le coup de bluff serait risqué.
Dans l’immédiat, l’État et la SNCM ont déposé un recours devant les autorités européennes. Pour le ministre, il n’est pas question de « laisser faire ce qui conduira à la disparition de la SNCM », a-t-il déclaré dans un entretien au quotidien La Provence.
L’idée de créer une société d’économie mixte entre la collectivité territoriale de Corse et d’autres collectivités locales pour reprendre la propriété des navires revient sur le devant de la scène. Elle a déjà été abordée dans les années 1990, sans succès. Une solution que la région Paca et les départements du sud de la France devraient faire leurs. Pour la gestion quotidienne des navires, elle serait donnée à une société. Certains ont avancé le nom de la Méridionale, d’autres imaginent un système qui se calquerait sur celui de SeaFrance, une scop des salariés.
Il reste que dans ce dossier, vu l’urgence et les risques sociaux, c’est sur le terrain de la médiatisation et des grandes envolées lyriques que se joue son épilogue, plus que sur le terrain.