Quelques élèves officiers expriment leurs motivations

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« N’avons-nous pas intérêt à rencontrer une fois les candidats que nous recrutons pour cerner leurs motivations », s’interroge-t-on enfin dans le projet d’établissement de l’École nationale supérieure maritime, dans le paragraphe dédié aux « bonnes questions » à se poser. En attendant que de bonnes réponses soient apportées, quelques élèves de 1re année (dont la présence était obligatoire) ont bien voulu répondre à la question suivante posée par le JMM: « Qu’est-ce qui amène des gens de 18 à 20 ans à vouloir devenir officier de marine marchande? » Le premier a répondu qu’il « souhaite avoir des responsabilités et éviter la routine ». Le second que le « rythme de travail deux mois à bord/deux mois de congés lui convient bien » et que la mer constitue un « cadre de travail exceptionnel ». Un troisième a insisté sur sa passion de la mer et son aversion pour la routine. Un autre a bien intégré la nécessité de se reconvertir après quelques années de navigation et estime que sa formation d’officier de marine marchande lui faciliterait ce passage. Il refuse le qualificatif de métier atypique, préférant celui de spécial ou de particulier. « La passion sera toujours là mais c’est un métier usant, lourd à porter », a estimé un autre élève. « Les voyages, les rencontres avec de nouvelles cultures, à bord même des navires sont des données rares dans une vie professionnelle », a encore souligné un autre. Un seul a fait référence au fait qu’il avait un membre de sa famille qui était (ou avait été) navigant. Aucun n’a explicitement évoqué la possibilité de devenir ingénieur en faisant l’ENSM.

Bien sûr, il ne s’agit pas là de données statistiquement représentatives, mais ces élèves semblent avoir bien intégré l’idée qu’ils feront une carrière courte. Quand à la crainte de la routine, laissons l’expérience professionnelle faire son œuvre.

On ne peut qu’encourager l’ENSM de se poser de « bonnes » questions. Sont déjà au programme: « À quoi nous servent les épreuves de sélection que nous présentons? » « Est-ce une vraie sélection mais pour cela il faudrait attirer les meilleurs en amont, ce qui ne semble pas être le cas? » (il y a des questions qui peuvent fâcher) « Ne vaut-il pas mieux avoir un concours d’entrée axé sur des épreuves mettant plus en valeur la motivation du candidat aux métiers maritimes? »

Tracasseries administratives

Parmi les rencontres proposées aux élèves lors de cette journée figurait celle avec Helena Consultants Ltd (HCL) sur le thème « naviguer sous pavillon étranger ». Plus exactement, naviguer sous pavillon étranger non européen sans être détaché par un employeur français. Alain Copine, représentant en France de HCL, a fortement insisté sur la nécessité d’assurer seul et sans discontinuité toute sa couverture sociale (frais médicaux, rapatriement, prévoyance, etc.).

À la suite d’une question posée par un élève sur le mode de validation de son temps d’embarquement offshore, Alain Copine a répondu que le commandant du navire devait signer une attestation précisant le temps de navigation ainsi que la ou les fonctions occupées. Il a ajouté qu’il était judicieux de faire également signer l’armateur et de faire authentifier la signature du commandant par le consulat de l’État d’immatriculation du port de débarquement du jeune officier. Et à partir de là, les difficultés administratives françaises commenceront. En effet, selon l’expérience d’Alain Copine, ce certificat est généralement accepté par les Affaires maritimes de la façade Ouest et refusé par celles de Méditerranée. Même texte réglementaire, deux applications opposées. Bienvenue dans la marine marchande.

Ils sont rapidement mis dans le bain de la mondialisation, les élèves officiers. En effet, Helena Consultants Ltd est une structure installée à Gibraltar qui « emploie les travailleurs expatriés travaillant et résidant en dehors de Gibraltar ». Elle signe un contrat de travail avec le navigant et un contrat de prestation de services avec la société pour qui travaillera le marin.

Pour être précis, HCL était à l’origine, en 1978, d’une holding immatriculée à Chypre, nous a répondu Alain Copine. L’adhésion de Chypre à l’UE a entraîné la migration de HCL vers Gibraltar à la législation plus souple. « Nous fonctionnons comme une société de service qui souscrit pour les personnes qui lui font confiance des contrats d’assurance groupe dans le secteur de la protection sociale. Nous complétons notre offre par des services annexes tels que le portage salarial, le courrier, le paiement de factures, etc. ».

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