« Les professionnels suivent avec attention les travaux menés dans le cadre de la mission de reconfiguration du projet Seine-Nord Europe et lui apportent leur soutien. Ils contribuent également activement, au travers de leurs associations professionnelles respectives, à la recherche de solutions responsables pour une issue favorable du projet. L’Europe a déjà rappelé le caractère prioritaire de ce projet transfrontalier, les régions et départements concernés le considèrent comme une chance unique en matière de croissance, les acteurs économiques sont persuadés de son potentiel en termes de développement. Dans ce contexte, nous demandons solennellement au ministre des Transports de tout mettre en œuvre pour que Seine-Nord Europe, déclaré d’utilité publique le 12 septembre 2008, puisse devenir une réalité pour nos entreprises et nos territoires. » Ainsi s’achève la lettre adressée fin octobre au ministre délégué chargé des Transports par les présidents des organisations professionnelles suivantes: Comité des armateurs fluviaux (CAF), Association des utilisateurs de transport de fret (AUTF), Chambre nationale de la batellerie artisanale (CNBA), Fédération des entreprises de transport et de logistique de France (TLF), Transporteurs fluviaux de France (TFF), Provoideau. Pour ces organisations, il s’agit de rappeler au gouvernement l’importance des décisions à venir concernant le projet Seine-Nord Europe, quelques semaines avant la remise des conclusions de la mission de reconfiguration menée par le député Rémy Pauvros (lire page 10).
Un surpéage se justifie sous conditions
Fin octobre également, TFF, qui associe le CAF et la CNBA, a fait parvenir une contribution écrite à la mission de reconfiguration pour expliquer sa position suite à son entretien au début du même mois avec Rémy Pauvros. Ce document insiste sur trois points. Le premier porte sur l’importance de prévoir le futur canal Seine-Nord Europe « au grand gabarit européen Vb (bateaux de 185 m × 12 m) » Selon TFF, « un gabarit intermédiaire serait contre-productif », notamment pour la traversée de Paris. Le deuxième concerne le « phasage du projet », c’est-à-dire la nécessité de réaliser le projet de manière globale et non pas par tronçon. « Seine-Nord Europe doit être abordé dans sa globalité, en considérant l’ensemble du système d’infrastructure: le tracé de 106 km du projet lui-même mais aussi ses accès nord et sud, la fiabilisation des infrastructures sur la Seine et l’Oise, voire même la réalisation de l’accès fluvial direct à Port 2000 » au Havre. Le troisième point souligné par TFF précise que « la mise en place d’un surpéage permettant de couvrir le coût marginal d’utilisation se justifie pleinement dès lors qu’il serait à la charge de la marchandise, surpéage compatible avec les conditions de marché ». Il faudra toutefois tenir compte dans l’établissement de ce surpéage de la durée de vie très longue de la future infrastructure et de considérer un périmètre géographique pertinent « afin d’éviter les effets d’éviction des trafics vers les ports du nord de l’Europe ». Enfin, TFF conclut sa contribution écrite par « un appel à un accompagnement du pavillon français » qui passe par une modernisation et un renouvellement de la cale nationale. Pour TFF, il s’agit ici d’anticiper « une intensification de la concurrence intersectorielle entre les différents modes de transport » susceptible d’être produite par la réalisation du canal. Sachant que cette concurrence pourrait également « entraîner mécaniquement une plus forte compétition » dans le secteur du transport fluvial en Europe. « Cet accroissement ne doit cependant pas s’effectuer aux dépens de la cale française. »