JOURNAL DE LA MARINE MARCHANDE: L’UCCA regroupe l’ensemble des conseils des chargeurs africains. Existe t-il actuellement un réel besoin pour les chargeurs africains de disposer de navires de plus grande taille pouvant aller jusqu’au 15 000 EVP?
SÉRIGNE THIAM DIOP: Évidement. Les chargeurs africains ont besoin de navires de grande taille, 15 000 EVP, par exemple. Comme vous le savez l’économie africaine est en croissance, et toutes les statistiques, notamment celle de la Cnuced et de la CEA le prouvent. En un mot c’est le tour de l’Afrique après l’Europe, l’Amérique du Nord et la Chine. Les Africains en sont conscients et s’y préparent. Plusieurs pays africains regorgent de matières premières qui, heureusement, ne sont pas encore exploitées, notamment des minerais. Avec la consolidation de la bonne gouvernance et de la stabilité, les importations et exportations sont en passe de se développer de façon exponentielle.
JMM: Compte tenu de la configuration de l’économie et de la démographie en Afrique de l’Ouest et du Centre, comment imaginez-vous la chaîne logistique maritime avec ces navires, et notamment dans son aspect portuaire?
S.T.D.: La chaîne logistique maritime est appelée à connaître de grandes mutations. Elles sont d’ailleurs déjà en cours avec:
• les ports de Téma, Abidjan, Dakar, Luanda, Lobito, Pointe Noire, etc., qui ont engagé de gigantesques travaux d’aménagement pour accueillir ces navires;
• les ports en eau profonde en cours de réalisation, comme le port de Kribi au Cameroun.
En plus de ces infrastructures en cours de réalisation dans les différents ports, plusieurs routes qui relient les ports aux pays sans littoral sont en cours de réhabilitation, sans compter les nombreux projets de route du Nepad qui relieront le nord et le sud du continent.
Assurément, l’Afrique s’apprête à devenir le nouveau pôle économique et le nouveau centre du trafic maritime.