Les limites de la fin des conférences

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Anniversaire d’une victoire pour les chargeurs ou commémoration d’une défaite pour les armateurs, la fin de l’exemption aux règles de concurrence des conférences maritimes fête, en ce mois d’octobre, ses cinq ans. Du côté des chargeurs, on scrute avec vigilance toute tentative de retour en arrière. Le Global Shipper’s Forum, qui réunit les chargeurs de plusieurs continents, a interrogé la Commission européenne sur la mise en œuvre de la future alliance P3, regroupant Mærsk, MSC et CMA CGM sur les trois principales lignes est-ouest. Pour les chargeurs, il est bien entendu que cette alliance n’est pas considérée comme un consortium tel que défini et autorisé par la Commission européenne. En se regroupant, les trois armateurs disposent d’une capacité qui représente 33 % de la flotte sur les lignes est-ouest. Les chargeurs voient dans cette nouvelle alliance une puissance commerciale qui pourrait éliminer la concurrence. Est-ce crier avant d’avoir mal que de s’en inquiéter Presque concomitamment avec les craintes du secrétaire général du Global Shipper’s Forum, Chris Welsh, le précédent secrétaire général du Bimco, Torben Skaanild, a mis les pieds dans le gâteau d’anniversaire. Lors d’une réunion à Londres, il est intervenu à titre personnel pour dénigrer les effets de la fin de cette exemption. Selon une étude menée par la Federal Maritime Commission des États-Unis, a-t-il expliqué, la fin des conférences ne démontre pas sa véritable pertinence. Pour lui, à l’instar des États-Unis, le Japon et Singapour n’ont pas suivi l’exemple européen. Une opinion qui fait son chemin parmi les conseils des chargeurs de certains pays africains qui voient dans les conférences et les répartitions de fret une stabilité des taux. La fin des conférences maritimes coïncide par ailleurs avec l’entrée de l’Europe et des États-Unis dans une crise sans précédent. Pour mesurer les effets d’une disposition, il faut les comparer dans des conditions économiques à peu près identiques et donc, attendre le retour d’une croissance. Mais n’est-ce pas là la limite? Dès lors que les armateurs sont confrontés, comme les autres secteurs de l’industrie, à une situation de crise, ne doit-on pas envisager une solution alternative entre une fin brutale et un maintien de ces conférences? L’Europe, ses États membres et d’autres dans le monde n’hésitent pas à intervenir pour sauver des pans entiers de leur industrie. Peu de gouvernements se battent pour leurs armateurs. Plutôt que d’entrer dans un discours trop manichéen entre armateurs et chargeurs, le temps doit être à l’imagination d’un système adapté à des conditions économiques de sortie de crise.

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