JOURNAL DE LA MARINE MARCHANDE (JMM): HAROPA EST LE PREMIER PORT FRANÇAIS POUR LES TRAFICS CONTENEURISÉS AVEC L’AFRIQUE. QUE REPRÉSENTE CE CONTINENT DANS VOS TRAFICS?
HERVÉ CORNÈDE (H.C.): Avec une croissance globale supérieure à 10 % au cours de la dernière décennie, les marchés subsahariens représentent un espace économique extrêmement dynamique et un secteur en fort développement. La maturité de cette économie se traduit notamment par une concurrence accrue pour intégrer les solutions africaines dans les circulations logistiques internationales. Dans ce contexte, Haropa tire son épingle du jeu: en 2012, les ports du Havre et de Rouen ont traité 200 000 EVP sur ce trade, avec une augmentation de 15 % des exportations. Nous nous positionnons par ailleurs comme port roulier pour l’Afrique, tant sur les véhicules d’occasion que sur les véhicules neufs. Il s’agit pour nous d’une filière à haut potentiel et sur laquelle nous possédons savoir-faire et valeur ajoutée.
JMM: QUELLES SONT LES RAISONS QUI VOUS ONT PROPULSÉ À CE NIVEAU?
H.C.: Haropa propose actuellement la meilleure desserte maritime entre l’Europe et l’Afrique de l’Ouest: 250 offres maritimes, soit deux départs par jour, proposées par 20 compagnies et les meilleurs transit time (10 jours en moyenne). Nous possédons par ailleurs un cluster de professionnels, commissionnaires de transport et logisticiens, extrêmement performant. La place portuaire rouennaise est notamment un hub de groupage pour les palettes en provenance d’Asie et à destination de l’Afrique subsaharienne. L’offre breakbulk est elle aussi en fort développement depuis le début de l’année 2013, avec quatre nouveaux services et huit services au total.
Enfin, nous avons mis en œuvre un plan d’action commerciale, en partenariat avec Philippe Dehays, président de l’UPR, et l’ensemble des acteurs spécialisés des deux places, afin de développer des offres commerciales spécifiques sur chaque pays (Cameroun, Côte d’Ivoire et Sénégal notamment). Ce programme, conjugué à la confiance des grands faiseurs sur l’Afrique de l’Ouest, tels que CFAO, Grands Moulins de Paris, etc., nous permet désormais de positionner Haropa comme la solution logistique européenne pour l’Afrique subsaharienne.
JMM: LE CARREFOUR DE CETTE ANNÉE POSE LA QUESTION DE L’ENTRÉE DANS LES PORTS OUEST-AFRICAINS DES NAVIRES DE 15 000 EVP. DES UNITÉS QUE VOUS AVEZ DÉJÀ L’HABITUDE DE RECEVOIR. QUEL RÔLE DONNEZ-VOUS À VOTRE PORT POUR PARTICIPER AU BON FONCTIONNEMENT DE LA CHAÎNE LOGISTIQUE MARITIME INTÉGRANT CES NAVIRES?
H.C.: Le port du Havre est, avec Rotterdam, le seul port européen à pouvoir accueillir les géants des mers. Depuis le début de l’année, plus de 300 porte-conteneurs d’une capacité supérieure à 10 000 EVP ont escalé au Havre. Nous avons donc désormais, avec l’ensemble des acteurs de services aux navires, un savoir-faire indéniable pour accueillir et traiter ces navires à pleine charge. Dans la continuité, nous assistons à un fort développement des transbordements européens vers l’Irlande, la Grande-Bretagne, l’Espagne…
Bon nombre de ports africains développent actuellement des infrastructures d’accueil des grands navires (Lomé, Lagos, Abidjan, Pointe Noire, Walvis Bay). Il s’agit pour eux d’anticiper et répondre aux problématiques logistiques de demain liées à leur croissance à deux chiffres. Ils doivent devenir des ports majeurs de transbordement et ainsi offrir des solutions alternatives à Tanger Med, mais aussi développer des process efficaces de passage de la marchandise, via la mise en œuvre des Cargo Community System, des réseaux de dessertes. Le Carrefour du Journal de la Marine Marchande est l’occasion pour Haropa de rencontrer ses clients opérant sur les trades Afrique/Europe.