Traxens veut rendre le conteneur intelligent

Article réservé aux abonnés

Après avoir développé des systèmes de télépéage, introduit de l’identification dans les bouteilles de gaz à usage médical, vendu au réseau de transport public de Hong Kong une carte à puce sans contact afin d’accélérer le passage de milliers de personnes devant les valideurs, travaillé dans le militaire et élaboré un tunnel d’identification des bagages dans le secteur aérien, Michel Fallah a décidé, en 2010, de plonger tête première dans le monde du shipping.

Cet ingénieur en traitement numérique du signal qui a été en 1989 le trentième employé de Gemplus, et qui par la suite a fondé la PME Stella Electronics, a pour ambition de rendre les conteneurs intelligents et de faire mieux que les traqueurs actuellement sur le marché, jugés trop onéreux par les armateurs.

Aux côtés de Pascal Daragon, expert des systèmes embarqués, d’Alain Hojeij, spécialiste du suivi des flottes de véhicules et de Mickael Nasreddine, un pro de l’Edi appliqué à la logistique, Michel Fallah développe un système dédié au suivi des conteneurs avec l’appui de cinq laboratoires de recherche (Telecom SudParis, l’Inria à Lille, l’École des Mines de Saint-Étienne, i3S et le LEAT à Sophia Antipolis). Soutenu par l’incubateur Impulse, il bénéficie également de l’appui de Marseille Innovation et de trois Clusters (Paca Logistique, SCS et Pôle mer Méditerranée).

« Le conteneur est une unité de transport intermodale échangée par de nombreux acteurs qui ne se connaissent pas. L’idée étant de diffuser de façon extrêmement sécurisée des informations tout au long de la chaîne de transport sur l’état de la cargaison (chocs, écarts de température, renversement, émission de gaz, radioactivité, intrusion…) et sur l’état légal du conteneur (dédouanement). Cela devrait permettre de lutter contre les fausses déclarations et les contrefaçons, faciliter les contrôles tout en fluidifiant le passage portuaire », explique Michel Fallah. Le président de Traxens parle même de rupture technologique. « Nous sommes en train de créer une sorte de Google du conteneur sur un marché potentiel de 38 Md€ », ajoute-t-il.

CMA CGM est entré pour 20 % du capital

Seulement trois mois après la création de la SAS, Traxens remporte le concours national d’aide à la création d’entreprises de technologies innovantes (Cnaceti) et empoche une subvention de 260 000 €. Oseo (devenu Bpifrance cet été) a cru très tôt au potentiel de la jeune start up et lui alloue un prêt venu compléter les fonds propres.

Mieux, Michel Fallah est parvenu à convaincre le numéro trois mondial de la ligne maritime conteneurisée, le groupe CMA CGM, de prendre 20 % du capital. Aux côtés de CMA CGM, Traxens gagne en crédibilité en relevant un double défi technologique et économique grâce à une faible consommation énergétique, l’utilisation de matériaux éprouvés dans le domaine militaire et en s’appuyant sur la redondance des systèmes actuels de transmission de l’information.

« L’autonomie énergétique est égale à la durée de vie du conteneur », avance Michel Fallah. La direction générale des Douanes s’associe aux travaux tout comme MGI, société marseillaise qui a développé AP +, le cargo community system devenu un standard dans les ports. « Nous avons créé un écosystème comprenant les plus grands acteurs afin de synchroniser toute la chaîne multimodale », explique le président de Traxens qui prépare une nouvelle levée de capitaux.

En juin, Traxens est passé de la présentation théorique du concept aux premiers tests réalisés à Fos-sur-Mer. « Ça a marché mieux que prévu. Notre système, qui traverse de nombreuses couches de conteneurs, s’appuie sur un maillage radio automatique. Nous allons équiper 3 000 conteneurs dont 1 500 de CMA CGM », précise Michel Fallah qui a confié à Neos Technologie, à Gardanne, la fabrication des premières pièces.

Une fois que les boîtes seront équipées, chaque intervenant de la chaîne de transport, désireux d’accéder aux informations sur le conteneur et sa cargaison, devra alors s’acquitter d’une somme au voyage. « La flotte mondiale de conteneurs, estimée à 37 millions boîtes croit de 5 % par an en moyenne avec un taux de remplacement de 6 % », explique Michel Fallah qui ne cache pas sa volonté de jouer un rôle majeur dans les années à venir.

Sa feuille de route est déjà tracée. « Fin 2013, nous compterons 20 salariés. Puis nous serons une quarantaine fin 2014 et une centaine l’année suivante. Le chiffre d’affaires prévisionnel pour 2013 était de 50 000 €, mais nous devrions finalement atteindre 100 000 €. D’ici deux à trois ans, nous devrions posséder nos propres serveurs. À partir de 2015, notre offre sera généralisée au parc de CMA CGM », explique Michel Fallah qui entend équiper 12 % de la flotte mondiale de conteneurs d’ici 2017. Traxens veut aller vite. Très vite. 15 000 abonnés sont annoncés pour le début de l’année prochaine.

Technique

Archives

Boutique
Div qui contient le message d'alerte
Se connecter

Identifiez-vous

Champ obligatoire Mot de passe obligatoire
Mot de passe oublié

Vous êtes abonné, mais vous n'avez pas vos identifiants pour le site ?

Contactez le service client abonnements@info6tm.com - 01.40.05.23.15