Une nouvelle grue, des quais flambant neufs, l’heure est à la reprise des investissements sur le port de Rochefort. Au total, c’est 6 M€ qui viennent d’être apportés, 70 % par la Chambre de commerce et d’industrie et 30 % par le Département. « Il n’y avait pas eu un tel effort d’investissement depuis la période 1998-2002, se réjouit Paul-Louis Coulongeat, directeur du port. À l’époque, il s’était agi comme aujourd’hui de travaux et de renouvellement d’équipements, et quatre grues avaient été achetées en quatre ans. Mais aucune depuis. »
Les travaux ont concerné la réfection des réseaux de collecte et de traitement des eaux de pluie qui, jusqu’à présent, partaient dans le port et donc dans la Charente. Deux stations d’épuration ont été aménagées qui recueillent et dépolluent désormais les eaux de pluie sous les quais. Les linéaires de quais ont également été refaits, ainsi que la signalisation du port et les zones de stockage, avec désormais une dalle en béton pour stocker la ferraille auparavant posée à même la terre.
Des chantiers pour 1,8 M€
La clôture d’enceinte du port a été déplacée de quelques mètres, ce qui a permis d’aménager une voie de circulation pour les camions à l’intérieur du port et sur son pourtour, de façon à ne pas gêner le maniement des grues. L’ensemble de ces chantiers a représenté 1,8 M€. « Ils ont un peu perturbé le trafic du port, reconnaît Paul-Louis Coulongeat. Nous n’avons eu à refuser aucun navire. » C’est dans ce contexte un peu agité, alors que le chantier battait son plein, que le port a battu en juillet son record de trafic avec 112 000 t de marchandises.
Deux grues neuves
L’autre gros investissement du port porte sur l’achat de deux grues neuves. L’une est déjà livrée, l’autre le sera dans les tout prochains mois. Il s’agit de deux grues européennes d’une capacité de 40 t et conçues selon une technologie proche de celle des grues déjà en place. Mais les nouvelles sont moins polluantes, plus silencieuses et plus économes en carburant.
Le directeur du port ne compte pas en rester là. Sur les cinq autres grues, quatre datent des années 2000 et une des années 1980. Cette dernière servira désormais de grue de secours. Quant à celles qui ont 12 à 14 ans, « il faut songer à poursuivre leur renouvellement ». D’autant qu’elles ont tendance à tomber en panne et que les réparer coûte cher, sans compter le temps perdu par leur immobilisation. Paul-Louis Coulongeat évoque une réparation sur l’une de ses grues l’an dernier. La pièce défaillante coûtait 200 000 € et la grue est restée immobilisée pendant près d’un an. Les perspectives d’accroissement du trafic permettent maintenant d’envisager ces nouveaux investissements plus facilement.
Tonnay-Charente n’est pas confronté aux mêmes problèmes d’équipements. La manutention des céréales est assurée par la Sica, et le sable, l’autre marchandise du port, est déchargée par tuyaux. La nouvelle campagne céréalière s’annonce sous de bons auspices, avec, à la fin juillet, 130 000 t de céréales chargées et 60 000 t de sable déchargées.
Trafics de sortie de crise
L’essentiel des trafics de Rochefort porte sur les engrais, pour plus de 50 % des volumes, et les bois sciés d’Europe du Nord. Les engrais, à eux seuls, ont représenté l’an dernier 250 000 t. Les deux types de marchandises sont liés aux entreprises basées sur le port ou dans son voisinage immédiat: la Timac pour les engrais, SCA Timber France et Bois du Nord pour les sciages. Viennent en plus quelques trafics annexes. Un trafic de treillis soudés destinés au bâtiment s’est mis en place depuis 2011, à raison d’un navire par mois. Des marchandises partent aussi vers le Maroc: bois de pays et argile. La ligne, ancienne, est régulière et amène un ou deux navires par mois. Rochefort exporte aussi de la ferraille, mais ce trafic a été interrompu cette année à cause des travaux sur les quais.
Un peu plus en amont sur le fleuve Charente, le port de Tonnay-Charente se consacre en très grande partie aux céréales pour le compte de la Sica Atlantique, également présente sur le port de La Rochelle.
Les résultats obtenus sur les premiers mois de l’année permettent de tabler sur un nouveau franchissement de la barre des 800 000 t et donc un retour avant la crise de 2009. « Et à moyen terme, indique Paul-Louis Coulongeat, l’objectif est d’atteindre le million de tonnes. Mais avec 60 % à 70 % du trafic lié à l’activité agricole, les résultats sont toujours aléatoires. »
Petit port, petites aides
Cela fait plusieurs années que les grues du port de Rochefort ont parfois du mal à remplir leur office. En acheter de nouvelles, tout comme aménager les quais et les terre-pleins, a d’abord été prévu pour 2009-2010. Mais la crise est passée par là, les trafics n’ont pas été au mieux de leur forme et les investissements ont dû être reportés. Aujourd’hui, l’activité a repris. « Nous sommes revenus à des tonnages plus importants qui nous permettent à nouveau d’investir et de poursuivre l’effort dans l’avenir. » Le conseil général, propriétaire du site, a apporté 30 % des 6 M€ investis cette année. Et la Chambre de commerce et d’industrie s’est chargée du reste. Pas sur ses fonds propres, en réalité, puisque, comme toute CCI, elle n’a pas de recettes par elle-même, mais bien sûr celles du port lui-même.
En revanche, pas de coup de main d’autres instances. Les fonds européens ont bien été sollicités, tout comme ceux de l’État ou de la Région, mais le port a reçu partout une fin de non-recevoir. La situation est parfois gênante au regard des millions apportés au Grand port maritime voisin de La Rochelle.
Pourtant, l’activité de Rochefort/Tonnay-Charente pourrait tout à fait justifier de ces aides supplémentaires. Le port représente 400 emplois, dont 120 à 140 emplois directs, et un trafic annuel de 800 000 t. Selon les marchandises, il sert des entreprises ou très locales – dans un rayon de quelques kilomètres alentour –, ou régionales pour les bois et les treillis notamment, avec cette fois un rayon de 300 km.