« L’ambition est de rendre le port plus productif: le rendre plus présent sur certaines filières, les céréales, les produits forestiers, les vracs, et en faire venir de nouvelles, souligne Philippe Guillard, directeur des infrastructures et président de l’OFP. Le port est une grande plate-forme logistique, avec un flux maritime et un flux terrestre par rail et par route. Nous devons faire la jonction entre ces différents flux de la manière la plus rationnelle possible. »
Côté mer, cela s’est concrétisé par l’approfondissement du chenal d’accès et, par conséquent, l’amélioration des qualités nautiques du port. « Nous devons être au rendez-vous quand la taille des navires va augmenter. » L’aménagement de nouveaux quais sur l’anse Saint-Marc relève du même souci d’accueil des navires. Côté terre, l’accueil est toujours le maître mot, qu’il s’agisse des marchandises elles-mêmes ou des entreprises qui les prennent en charge. « Pour ce faire, nous avons besoin de surfaces, observe Philippe Guillard. C’est pour y répondre que nous avons aménagé le terre-plein de l’anse Saint-Marc et que nous avons lancé celui de La Repentie. »
Une fois les terre-pleins en place, il faut permettre aux marchandises d’entrer et de sortir rapidement du port, et donc avoir des infrastructures routières et ferroviaires de qualité. « Le fer est d’autant plus pertinent, souligne Philippe Guillard, que la région derrière le port est peu industrialisée et qu’il faut transporter les marchandises à plus de 300 km ou 400 km. » La massification du transport que permet le fer permet elle aussi de gagner en productivité. « Et cela donne aux entreprises la capacité de se développer, comme cela s’est fait pour la Sica. »
Le rail pour massifier
Pour Philippe Guillard, le train permet aussi d’alimenter l’export à gros débit, à condition toutefois d’avoir aussi les outils logistiques sur le port pour charger rapidement les navires. L’autre avantage du rail est qu’il « permet aussi de rapprocher le mur d’acceptabilité sociétale » en réduisant les nuisances que craignent les riverains, les associations de protection de l’environnement et les politiques.
C’est aussi dans ce but de faciliter les trafics que le port a accru ses plages d’accès pour le train. Il y a deux ans encore, les trains n’y roulaient que de 4 h 30 à 20 h. Désormais, c’est jusqu’à 24 heures ainsi que les samedis et les dimanches. « Pour développer le fret ferroviaire, nous devons être compétitifs face au mode camion, plaide Philippe Guillard. Avec le coût d’une motrice, d’une rame, du personnel, auquel s’ajoute la gestion de la sécurité, cela représente un coût conséquent dès la première tonne. À nous de le répartir sur l’ensemble des marchandises transportées. Et pour cela, il faut que ça tourne. » Aujourd’hui, le port réalise en moyenne six passages de train par jour, parfois davantage en été quand le trafic céréalier bat son plein.
Restent les craintes des riverains, et notamment la hantise de l’explosion d’un train. « Nous travaillons à l’amélioration de la sécurité pour éviter le stockage des produits à proximité des habitations. Cela demande une bonne coordination avec le client. » Désormais, les trains s’arrêtent à peine à l’entrée du port de façon à limiter encore les risques. Côté route, le port considère qu’il est déjà bien équipé. Au cours des dernières années, l’accès depuis la rocade a été revu. Il reste cependant le point noir de l’A831, annoncé depuis des années mais toujours reporté, qui doit relier La Rochelle au réseau autoroutier national. Une motion rappelant l’intérêt de ce tronçon d’autoroute pour le port a été prise en conseil de surveillance.
OFP commune avec Nantes
Petit à petit, l’OFP a fait son trou. En 2011, il a assuré le transport de 100 000 des 1,2 Mt acheminées par le rail avec La Rochelle. Le chiffre est monté à 250 000 t pour 1 Mt acheminées l’an dernier. « Et cette année devrait être une grosse année pour le trafic ferroviaire », se réjouit Philippe Guillard. Pour lui, l’OFP a prouvé qu’elle constitue un modèle rentable et pertinent économiquement. Il compte développer encore son activité sur l’hinterland rochelais, mais pas seulement. En effet, depuis juillet, il s’est associé avec Nantes pour se doter d’un outil commun, l’OFP Atlantique. « Cela va nous permettre d’avoir un outil plus visible, avec un hinterland plus vaste. » Les deux ports rapprochent ainsi leurs compétences. Ensemble, ils vont maintenant envisager de créer des bases logistiques communes dans le but d’élargir encore l’hinterland des deux ports. Les premières décisions en ce sens sont attendues pour 2014.