L’évolution du Grand port maritime de La Rochelle est regardée avec circonspection. Pour le président du conseil général de Charente-Maritime, Dominique Bussereau, l’importance grandissante du port charentais dans le concert international tient à plusieurs éléments. « J’ai poussé l’idée de transformer le port de La Rochelle pour qu’il devienne un Port autonome puis conserve son statut pour qu’il passe dans la catégorie des Grands ports maritimes lors de la réforme de 2008. Ces changements de statut ont été des éléments importants pour l’image du port mais aussi pour ses utilisateurs », souligne Dominique Bussereau. Pour le président du conseil général de Charente-Maritime, ce changement de statut n’a pas été le seul élément déclencheur de la réussite du port. Parmi les éléments importants au cours de ces dernières années, il cite, dans le désordre, la qualité des directeurs généraux successifs, la communauté portuaire active, une conjoncture économique favorable et enfin, une réforme de l’organisation du travail portuaire en 2008 réussie. « Ces dernières années, le port a investi lourdement dans ses infrastructures. Les travaux entrepris sur l’Anse Saint-Marc et sur la Repentie en sont des exemples. » Quant à la conjoncture favorable, le port a récolté les fruits d’une politique menée depuis plusieurs années mais a aussi su tirer profit des mésaventures de son voisin de Bordeaux. « Je suis très satisfait de ce qu’est devenu le Grand port maritime de La Rochelle. Il joue un rôle de locomotive à certains égards. Il a été le premier à mettre en place un OFP (Opérateur ferroviaire de proximité). Une belle réussite puisque le port de Nantes est entré au capital de celui-ci. » Il a tout pour être un grand, serait-on tenté de conclure, mais le président du conseil général de Charente-Maritime nuance ce propos. « Il lui manque une liaison autoroutière avec le réseau français. »
Partenariat financier
La réussite du port tient aussi au rôle que le conseil général joue dans la gestion de ce port. « Nous sommes un partenaire financier avec la communauté urbaine de La Rochelle. Nous intervenons comme co-financier des grands projets du port », indique Dominique Bussereau. Mais le rôle de la collectivité territoriale ne se limite pas à ce rôle de financeur des projets. Il est présent au conseil de surveillance du port pour réfléchir avec l’ensemble de la place portuaire au devenir de cet établissement. Loin de mener une politique des bras croisés lors de ces conseils de surveillance, le conseil général se veut une force de proposition. « Un exemple de ces initiatives a été la proposition de créer une charte environnementale pour le port. Elle a été adoptée et signée par l’ensemble des acteurs. » L’idée de cette charte est née avec la forte progression du port. « Tant que le port a enregistré une croissance douce, les habitants de La Rochelle n’en ont pas subi les inconvénients. Le port s’intégrait dans la ville. Avec le développement actuel, les habitants des quartiers de Laleu et de La Pallice regardent le port d’un œil nouveau et méfiant. Cette charte est destinée à répondre aux préoccupations des opérateurs portuaires et des citoyens. » Parmi les sujets issus de cette charte, le président du conseil général de Charente-Maritime cite le contournement ferroviaire. « Cette charte reprend l’idée du report modal vers le ferroviaire. Parce que le trafic en sortie du port traverse la ville, nous avons appuyé l’idée d’un nouveau contournement ferroviaire de la ville. »
Le Grand port maritime de La Rochelle a pris la bonne direction, selon le président du conseil général. Il reste encore des étapes à franchir. Pour Dominique Bussereau il est nécessaire de poursuivre les aménagements des quais, de moderniser le réseau ferroviaire et de finaliser la construction de la Maison du port. De plus, il souhaite que « l’État inscrive le raccordement ferroviaire et autoroutier du port dans les prochains plans ». Outre le Grand port maritime de La Rochelle, le conseil général de Charente-Maritime a sous sa tutelle les deux ports de Rochefort et de Tonnay-Charente. Une fierté pour le président de la collectivité territoriale. À Rochefort, Dominique Bussereau rappelle que le port lui appartient. « Nous sommes propriétaires du port et nous l’avons concédé à la CCI. » Des établissements qui ont aussi enregistré de bons résultats. « En juillet, le trafic du port de Rochefort a atteint un record historique. » Souvent accusé de négliger Rochefort au profit de La Rochelle, le président du conseil général se défend de telles accusations. Il cite pour exemple le financement d’une nouvelle grue sur le port. La Charente-Maritime a cette particularité de posséder deux ports, Rochefort et Tonnay-Charente, d’accueillir sur son territoire un Grand port maritime, d’avoir deux personnalités politiques nationales aux positions opposées entre le conseil général et la Région. Pour les opérateurs portuaires de La Rochelle, les dissensions politiques entre Dominique Bussereau au conseil général et Ségolène Royal à la Région sont parfois sources de conflits internes. Malgré nos demandes répétées auprès des services de Ségolène Royal à la Région, cette dernière n’a pas souhaité s’exprimer sur ses projets pour le port. Pour sa part, Dominique Bussereau analyse les oppositions entre les deux instances locales avec une certaine philosophie. « Nous n’avons pas la même vision du port entre la présidente de la Région et moi-même. Néanmoins, je ne pense pas que le Grand port maritime de La Rochelle pâtisse de ces points de vue divergents. » Pour le président du conseil général, la Région souffre d’avoir un budget de faible ampleur, parfois inférieur à celui du conseil général. Il regrette certaines positions de la part de l’instance régionale. La Région n’est pas toujours partenaire dans le développement du port, voire elle se montre réticente sur certains projets. « Il faudrait que nous bâtissions des régions avec une dimension européenne. Jean-Pierre Raffarin et moi-même avons imaginé une région qui irait du Poitou jusqu’en Aquitaine. Cela lui donnerait une véritable dimension européenne. En refondant le système régional français autour de 10 à 11 régions sur l’ensemble du territoire, nous aurions des collectivités avec une nouvelle dimension, plus ouvertes sur l’Europe. »