La date du 6 septembre a été attendue pour savoir si la SNCM pourrait remporter la délégation de service public entre Corse et continent. Dans son rapport, l’Office des transports de Corse (OTC) a plaidé pour cette solution. Au final, l’Assemblée de Corse a adopté par 27 voix sur les 51 les recommandations de l’OTC. La gauche, majoritaire dans cette assemblée, n’a pas fait le plein des voix. La droite s’est abstenue, à l’exception d’un élu, et les nationalistes, qui disposent de 15 élus, n’ont pas participé au vote.
Une victoire relative
Cette victoire du groupement SNCM/CMN est toute relative. En effet, en juin, l’Assemblée de Corse a rejeté la candidature de Corsica Ferries. L’argument avancé est que la compagnie basée à Bastia ne dispose pas d’une flotte suffisante pour assurer l’ensemble des dispositions du cahier des charges. Exit Corsica Ferries, la SNCM et la CMN ont concourru seuls.
Une victoire qui satisfait le ministère des Transports. Frédéric Cuvillier a défendu la candidature de la SNCM lors d’une conférence de presse quelques jours plus tôt. Ce vote est le « fruit de l’engagement des actionnaires de la SNCM, ce qui inclut l’État et les salariés. Cet engagement de tous les acteurs a permis à la SNCM de présenter une offre compétitive pour l’attribution de cette délégation de service public, qui assure le principe de la continuité territoriale ». Lors du dépôt de son offre, le consortium a présenté une offre à 107 M€, ramenée à 96 M€ après avoir essuyé un rejet de l’Assemblée de Corse pour cause d’enveloppe trop élevée.
Du côté de Corsica Ferries, la direction générale « réserve sa décision sur les suites judiciaires à donner à cette décision ». Pour l’armateur corse, dont les navires battent pavillon italien, la reconduction de la SNCM et le montant élevé de la subvention publique « ne peuvent s’expliquer que par l’éternel chantage social qu’exerce cette compagnie sur les élus ». Par ailleurs, Pierre Mattéi, directeur général de Corsica Ferries, souligne que la SNCM a imposé la condition de rendre indivisible son offre, « empêchant les responsables corses d’attribuer les lignes (six en tout) sur la base d’une concurrence normale et de choisir une solution plus juste et plus économique pour les Corses ».
Le 6 septembre a été la première étape du calendrier posé par le ministre des Transports, Frédéric Cuvillier, le 28 septembre. La seconde étape sera de réfléchir à la flotte de l’armement, dont l’État reste actionnaire à 25 %, pour ensuite aborder la question du tour de table financier. En attendant, la SNCM a d’autres rendez-vous judiciaires avec notamment la Commission européenne à propos des 220 M€ perçus « illégalement » par la SNCM.