À l’origine du conflit, la crainte de la remise en cause de leur régime de caisse de prévoyance. Créé pour le personnel portuaire bordelais en 1926, bien avant la mise en place du régime commun de la Sécurité sociale, ce régime de prévoyance a d’ores et déjà été à l’origine de mouvements sociaux lors de la dernière réforme portuaire. Le personnel manutentionnaire, notamment celui transféré à la société privée BAT, s’est alors battu pour garantir son maintien. « Nous y sommes très attachés », précise Cyril Mauran, secrétaire de la Fédération girondine des ports et docks. « C’est un régime autonome, sain puisqu’excédentaire et bien géré. » Or, un questionnaire adressé par l’État au printemps dernier à leur caisse de prévoyance portait justement sur l’éventualité d’un transfert de ce régime spécifique dans le droit commun. « Fin juillet, lors d’une réunion à Paris avec trois ministères, nous avons donc lancé un ultimatum. L’État nous a précisé qu’une réponse serait apportée courant septembre. Si celle-ci n’est pas positive, nous durcirons le mouvement », annonce Cyril Mauran.
L’expression de ce mécontentement s’inscrit en outre dans un contexte plus global jugé « préoccupant » par les syndicalistes. Ils pointent la précarité financière de BAT, Bordeaux Atlantique Terminal, société créée dans le cadre de la réforme portuaire, tout comme le manque de projets d’envergure pour relancer l’activité du port. Outre la fermeture temporaire du terminal du Verdon, la réception et la manutention, notamment du trafic conteneurs, ont été ainsi perturbées durant le mois de juillet où des pannes successives sur deux grues ont affecté l’activité sur Bassens aval. « Cependant, on peut noter de réels efforts faits désormais sur la maintenance de l’outillage, précise Cyril Mauran. Pour autant, nous restons inquiets sur le manque de volonté de développement de la société BAT. » Ainsi, lors du dernier conseil de surveillance du Grand port maritime de Bordeaux, la section CGT du port a fait part de sa volonté de procéder à un changement de la présidence de BAT, assurée actuellement par le directeur de Sea Invest Bordeaux, Franck Humbert. Les syndicalistes, qui souhaitent notamment « plus de dialogue » avec leur direction, réclament la nomination d’un président parmi les autres actionnaires de la société BAT, qui comptent notamment le port de Bordeaux. Réponse au prochain conseil de surveillance.