C’est un véritable plaidoyer auquel se livre l’Unim à la suite de sa dernière assemblée générale. Les manutentionnaires français seraient « en danger et les emplois en péril » à cause de l’anxiété des dockers. « Notre profession est lourdement frappée par une multiplication des instances prud’homales engagées au titre de “préjudice d’anxiété”, notion retenue systématiquement par ces instances, et pourtant contestable et confuse », indique Nicolas Gauthier, vice-président du syndicat professionnel.
7 500 demandeurs potentiels
L’amiante reconnue comme cause de maladie professionnelle se révèle à double détente. Aux centaines de dockers indemnisés et partis en cessation anticipée depuis 1993 s’ajoute aujourd’hui le préjudice d’anxiété face à l’éventuelle maladie. « Depuis 2009, la profession croule sous l’affluence des dossiers contentieux introduits auprès des instances prud’homales par d’anciens dockers bénéficiaires de l’Allocation de cessation anticipée d’activité des travailleurs de l’amiante (Acaata), afin d’obtenir une indemnisation de l’ordre de 15 000 € au titre de “préjudice d’anxiété ou d’angoisse” qu’ils entendent compléter par 15 000 € supplémentaires, demandés cette fois au titre du “bouleversement des conditions de vie” », alerte l’Unim dans un document sobrement intitulé Amiante et anxiété: halte aux dérives. Rien que pour Marseille, 700 dossiers seraient en cours d’instruction par la Cour d’Aix-en-Provence. Au niveau national, l’Unim estime les recours potentiels à 7 500. Si le nombre de demandeurs se confirme, le tribut payé par les manutentionnaires représenterait un total évalué « à plus de 110 M€ pour la profession ». « Une charge insupportable » pour les entreprises de manutention qui sont en train d’essuyer le coût de la réforme portuaire et la crise. Les premiers jugements rendus et repris systématiquement attribuent entre 15 000 € et 20 000 € de préjudice à chaque « docker angoissé ». Une sorte de jurisprudence semble s’être imposée dans les attendus prud’homaux.
Une initiative urgente est indispensable
Tout en soulignant que le « préjudice d’anxiété est une notion contestable et confuse », en tout cas difficilement « quantifiable à la suite d’un diagnostic au cas pas cas », l’Unim rappelle qu’industrie de service, les manutentionnaires « ne peuvent être tenues directement pour responsables de l’exposition éventuelle de leurs salariés à l’amiante ».
Pour autant, l’Unim semble reconnaître une certaine réalité à cette anxiété, même si le syndicat évoque « une multiplication abusive des instances ». Il demande en effet qu’elle soit reconnue comme maladie professionnelle et annexée aux dispositions réglementaires prises dans le cadre du plan amiante. « Même si une approche par la loi est envisageable, une initiative réglementaire urgente est indispensable. L’inscription spécifique de l’anxiété au tableau no 30 des maladies professionnelles peut intervenir au travers d’un simple décret. Elle constitue un premier pas nécessaire et urgent », sollicitent les manutentionnaires touchés à leur tour par l’angoisse.