Le parcours de l’exposition est chronologique, historique et détaillé. De la conception du paquebot jusqu’à son naufrage, le visiteur revit sa funeste destinée. De salles en couloirs, le décor est subtilement étudié pour que l’on ait l’impression d’embarquer comme au 10 avril 1912. Les vitrines exposent des rivets de la coque, des pièces de machinerie, des instruments de navigation tout autant que de la vaisselle (miraculeusement parvenue intacte jusqu’ici et estampillée du sceau de la White Star Line), un rasoir, une brosse à chaussure, une blague à tabac, un briquet, un costume édouardien, des flacons de parfum, des chaussures…
Des panneaux présentent le contexte historique, économique, voire des témoignages et portraits des passagers. On évolue des chambres luxueuses de 1re classe aux cabines exiguës de l’équipage, de la salle à manger au fameux « grand escalier », du salon de lecture aux bains turcs en passant par le Café parisien.
Chaque visiteur reçoit en entrant un ticket d’embarquement, réplique de ce qu’il était à l’époque. À son dos, le nom et l’histoire d’un des passagers du Titanic. À l’issue de la visite, un imposant tableau – un peu « monument aux morts » – permet de retrouver « son » nom parmi ceux des 2 228 passagers disparus ou rescapés de 1re, 2e, 3e classe ou de l’équipage. À cette étape, un film en 3D de l’épave est diffusé en continu, permettant d’apprécier la vision réelle des caméras parvenues jusqu’à elle.
Une prouesse océano-archéologique
L’épave a été découverte en 1985. La société RMS Titanic Inc., propriétaire du Titanic et du site de l’épave, a organisé plusieurs expéditions sous-marines de recherche et de récupération. Le navire repose toujours à 4 600 m sous la surface de l’Atlantique Nord, à 400 milles au sud-est de Terre-Neuve. Des expéditions franco-russes conjointes ont eu lieu en 1987, 1993, 1994, 1996, 1998, 2000 et 2004. Pour entreprendre l’expédition Titanic 2010, la société RMS Titanic Inc. (RMS signifiant Royal Mail Steamer, c’est-à-dire Paquebot Courrier Royal) a utilisé deux types de véhicules pour eaux profondes. Un véhicule télécommandé (ROV) et deux véhicules sous-marins autonomes (AUV). Ces engins, sans hommes à bord, sont destinés aux profondeurs extrêmes.
Le ROV est équipé d’une batterie de lumière de grande intensité, de six caméras haute définition ainsi que d’appareils photos statiques. Contrôlées par un opérateur en surface, ces caméras ont pris les vues les plus précises jamais obtenues du navire.
Les deux AUV se déplacent sur un mode de grille coordonnée au-dessus du site océano-archéologique (sur une surface de 5 500 m2) et du champ de débris environnant. Ils utilisent une technologie sonar pour créer une carte acoustique de chaque objet autour de l’épave. Ces données permettent d’identifier chaque morceau du Titanic ainsi que les affaires éparpillées autour de lui. Ce travail est une première dans le domaine de l’exploration océanographique et permet de conserver une image numérique du Titanic pour les générations à venir. Il fournit de plus des informations sur l’état de détérioration du navire. Chaque plongée dure entre 12 h et 15 h, dont 2,5 h pour descendre, idem pour remonter, avec comme difficulté principale de rester à l’aplomb de l’épave en tenant compte des courants sous-marins et de la distance à parcourir.
Le Titanic implosera dans 40 à 90 ans
Le but de la société RMS Titanic Inc. est de préserver et d’exposer les objets récupérés, qui sont au nombre de 5 500 à ce jour. Une fois extraits des eaux, ils sont saturés de sel, de bactéries et d’acide. Il ne s’agit pas que de les nettoyer. Des techniques avancées de préservation sont alors utilisées. En revanche, il n’est pas possible de freiner la détérioration de la carcasse du navire, le métal étant inéluctablement rongé par des bactéries et des microbes qui le dissolvent. Les scientifiques estiment que l’épave implosera puis s’effondrera sur elle-même d’ici 40 à 90 ans.
Paris Expo – Porte de Versailles
Pavillon 8
Jusqu’au 15 septembre 2013
Hall d’exposition climatisé
Tous les jours, de 10h à 19h
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Un gigantisme inconséquent
En cette période actuelle de surenchère contestée dans le gigantisme des navires de croisière, l’histoire du Titanic produit un étrange écho. C’est en 1907 que Joseph Bruce Ismay, président de la White Star Line, s’associe avec Lord William James Pirrie, président des chantiers navals Harland & Wolff de Belfast, pour construire le « plus grand objet mobile du monde » (269 m de long, quand la tour Eiffel encore fraîche mesure 300 m de haut); le but étant de devenir les maîtres du transport de passagers sur l’Atlantique. Le Titanic sera doté d’une coque à double fond et d’un système de 15 compartiments étanches transversaux, si bien qu’on le qualifiera de « pratiquement insubmersible ». Les deux hommes ne se doutent évidemment pas que le géant des mers sera déchiré par un iceberg sur plus de 90 m, inondant la majorité des compartiments. Si les chargeurs de l’époque seront amenés à payer plus cher le transport de leurs marchandises pour cause d’espace restreint à bord du paquebot, en revanche, son insubmersibilité prétendue provoquera une baisse « fâcheuse » des primes d’assurance. Cette confiance excessive en l’insubmersibilité du navire se retrouve également dans le choix de réduire le nombre des embarcations de sauvetage de 32 à 16, minimum requis alors par la législation britannique. L’erreur humaine ultime viendra du capitaine Edward John Smith, qui, dans la nuit du 14 avril 1912, ne tiendra pas compte des trois messages d’alerte envoyés successivement par les paquebots Amerika, S.S.-Mesaba et Californian, l’informant de la présence d’icebergs alors que le Titanic file à 21 nœuds, pratiquement sa vitesse maximale. Pour la petite histoire, les jumelles des vigies auront été « égarées » à l’embarquement.