Sur le seul mois de mai, 160 000 croisiéristes ont foulé les quais phocéens. Plus nombreux que les passagers de la ligne régulière, les amateurs de paquebots représentent à présent un quart de la fréquentation touristique de la ville. Cette année s’annonce comme une année record avec 460 escales de navires et plus d’un million de passagers sur les terminaux gérés par Marseille Provence Cruise Center (appartenant depuis fin 2012 à MSC et Costa Croisières à 50/50). « Cette année a été marquée par l’arrivée de Star Clippers en tête de ligne. L’armateur a été réellement conquis par l’escale à proximité du Mucem. RCI a positionné le Legend-of-the-Seas pour 24 escales cette année. Chacune d’elle représente entre 600 et 700 passagers », explique le président du Club de la Croisière Jacques Truau. En 2014, RCI délaissera Toulon en tête de ligne au bénéfice de Marseille, augurant pour le port « un avenir très conséquent », avance à demi-mot Jacques Truau.
Sur le MPCT, les travaux de réaménagement du hangar 24 au môle Léon Gouret ont débuté mi juin. Cette deuxième gare croisière devrait être achevée en novembre et permettra d’accueillir cinq paquebots simultanément pour des croisières en tête de ligne. En parallèle, la société MPCT prévoit d’engager 600 000 € d’investissements dans la sécurisation du terminal situé en zone d’accès restreinte prévue par le code ISPS.
« Nous allons renforcer les clôtures, les contrôles d’accès, acquérir des scanners », précise Jacques Massoni, directeur du MPCT.
Double menace
Tout irait pour le mieux dans le petit monde feutré de la croisière s’il n’y avait pas un conflit latent depuis plusieurs mois entre les porteurs de bagages et les dockers. Ces derniers, qui déchargent les valises du navire sur un camion, revendiquent le brouettage jusqu’aux hangars.
« Nous refusons une double main-d’œuvre. Les porteurs doivent rester dans les terminaux et remettre les bagages aux passagers. Nous sommes capables de bloquer le terminal croisière avec quatre conteneurs mais nous voulons dialoguer avant d’en arriver là », prévient Ludovic Lomini, secrétaire général CGT des dockers des bassins Est de Marseille.
De son côté, Jacques Massoni rappelle que l’accord signé en 2008 entre le syndicat de dockers, le Club de la croisière, les porteurs et le GPMM prévoyait entre 350 et 400 jours de travail. « En 2012, nous en sommes à 790 journées de travail. » Et d’ajouter que les sociétés d’avitaillement font également appel aux dockers pour charger les navires en victuailles. « En 2012, l’avitaillement a généré 650 à 670 journées de travail pour les dockers alors que ces sociétés n’ont pas d’obligation de recourir à cette main-d’€uvre. » « Plus Marseille accueillera des croisières têtes de ligne, plus les dockers auront du travail », précise le directeur du MPCT.
Au mois de juin, un autre conflit a éclaté entre les dockers et les chauffeurs de taxi à la suite de la mise en place, par le GPMM, d’une navette en autocar pour acheminer les passagers du le môle Léon Gouret à la Joliette. Gratuite et opérée du vendredi au lundi de 9 h à 17 h à raison d’un départ toutes les trente minutes, cette navette est décriée par les chauffeurs de taxi qui facturent un aller-retour 30 €. Elle est amèrement acceptée également par les armateurs qui proposent le même trajet moyennant 12 €! Le président du directoire du GPMM dit avoir été guidé par une démarche sécuritaire. « Un nombre significatif de personnes cheminaient à pied pour rejoindre la porte 4, cela posait des problèmes de sécurité compte tenu du flot de véhicules et de poids lourds. Cette navette, positionnée à 800 mètres du MPCT, n’est pas en concurrence avec les taxis », a commenté Jean-Claude Terrier.
Actuellement, l’ensemble des services à la croisière parvient tant bien que mal à cohabiter, mais pour combien de temps encore?