Selon les statistiques du Grand port maritime de Guadeloupe, la croisière, en 2004, a représenté 149 800 passagers comptés une à deux fois, selon les normes françaises. En 2012, ils ont été 158 290. Entre-temps, le point le plus bas a été atteint en 2006 avec 72 411 passagers. Pas de quoi pavoiser dans un marché caribéen en croissance constante. Le seul motif de satisfaction réside dans la part relative de la croisière dite basée ou tête de ligne; là où l’essentiel des passagers commence et termine son séjour en mer. En 2004, la croisière basée représentait 48 % du total. Ce pourcentage n’a cessé d’augmenter pour atteindre les 90 % en 2012. Cela est particulièrement favorable aux taxes d’aéroport et aux prestataires spécialisés dans les transferts entre terminaux croisières. C’est la qualité des infrastructures aéroportuaires et portuaires qui explique principalement la présence des paquebots de Costa et de MSC à Pointe-à-Pitre, estime Laurent Martens, directeur général du Grand port maritime de Guadeloupe.
Un bond de 68 %
Est-ce cependant suffisant pour justifier le bond de 68 % du volume de passagers « basés » (comptés deux fois) entre 2011 et 2012? Il est en effet passé de 84 602 à 142 454 passagers, alors que le trafic en transit a chuté de 17 680 à 15 836 passagers. Une certaine saturation des destinations possibles dans les Caraïbes pourrait expliquer en partie cette croissance. D’autant que les paquebots sont de plus en plus grands afin de bénéficier d’économie d’échelles et donc de faire baisser le prix de revient à la couchette basse. Cela se constate dans le nombre d’escales: 252 en 2004, 39 en 2011 et 61 en 2012.
L’activité de la croisière basée n’est pas sans risque, car lorsqu’un armateur décide de ne plus faire escale, il faudra au moins deux ans pour inverser ce mouvement.
La baisse des prix de la croisière, aux Antilles comme ailleurs, génère une nouvelle catégorie de clients: les Antillais eux-mêmes, constate Xavier Aubéry, actif notamment dans l’agence maritime de paquebots. À chaque départ hebdomadaire de Costa, 400 à 700 Guadeloupéens embarquent pour aller visiter les îles « exotiques » de la zone.
Contrairement aux vœux exprimés publiquement par les représentants de Costa Croisières et MSC Croisières lors du Seatrade Med Cruise de novembre, les soldes ont continué durant le premier semestre 2013: tous les sites internet du monde ou presque annoncent des ristournes d’au moins 30 %, et souvent du de 50 %.
« Il ne faut pas confondre le volume et la rentabilité. Notre défi est de faire remonter les prix », a souligné Gianni Onorato, président de Costa Croisières lors du Seatrade Med Cruise. A priori, il va falloir attendre encore un peu avant que le défi soit gagné.