La croisière n’est pas un poste important dans le chiffre d’affaires, mais c’est un secteur important pour l’économie de l’île, rappelle Jean-Rémy Villageois, président du directoire du Grand port maritime de Martinique. Cette activité économique est partie intégrante du plan stratégique du port, actuellement en discussion. « Elle représente un potentiel important. Ce sont quelque 11 millions de passagers qui utilisent les croisières dans les Caraïbes », argumente le président du directoire.
Un marché important que la Martinique a perdu. Il y a dix ans, raconte Gaëtan Paderna, directeur croisière au Comité martiniquais du tourisme, la Martinique a accueilli jusqu’à 400 000 passagers. Sur la saison croisière 2012 à 2013 (la saison démarre en octobre pour se terminer en avril), la Martinique a reçu 109 000 croisiéristes au cours de 139 escales de navires. Un volume divisé par quatre mais, pour voir aussi le côté positif, deux chiffres sont en hausse. Le nombre de passagers a progressé de 23 % quand celui du nombre d’escales a augmenté de 18 %. En une décennie, la Martinique a déçu bon nombre de passagers, puis la crise est intervenue dès 2009 avec ses effets négatifs. Une période qui doit être rangée dans les tiroirs. En janvier 2012, le Comité martiniquais du tourisme a créé une commission croisière pour réfléchir au développement de cette filière. Les principaux acteurs de la filière sont réunis: port, office de tourisme, région, taxis, dockers, tour-opérateur, douanes et État. Toutes les six semaines, cette commission tient séance pour étudier les différentes propositions des armateurs et surtout trouver des solutions aux problèmes. « Nous menons aussi des actions de promotion dans les salons professionnels et auprès des armateurs. L’occasion pour les acteurs locaux de toucher du doigt les questions posées par les opérateurs », continue Gaëtan Paderna. « Les taxis ont pu se rendre compte de la fragilité des escales dans notre île. »
Pousser les particularités de l’île
Pour assurer le rebond de la croisière en Martinique, le Comité martiniquais du tourisme veut jouer la carte de la différence avec le volcan en activité, le rhum AOC et « tenter de pousser les particularités de l’île ». Alors, pour attirer de nouveaux armateurs, les instances du tourisme proposent toute une palette de services techniques aux navires. En outre, au-delà de Fort-de-France, les navires peuvent aller escaler dans la baie du Marin, à l’Anse d’Arlet et bientôt, selon Gaëtan Paderna, à l’Anse Saint-Pierre, au pied du volcan. Une étude d’opportunité doit être lancée pour un terminal à croisière dans cette ville.
Si le Comité martiniquais du tourisme tente de trouver de nouvelles prestations, il s’appuie sur les infrastructures développées par le port. Depuis le mois de février, la Pointe Simon a été agrandie. Elle est utilisée pour les passagers en transit. Le terminal des Tourelles est plutôt dédié aux passagers en tête de ligne. Pour Marship, agent maritime dont la croisière représente une part importante de ses activités, les travaux de la Pointe Simon sont achevés du côté maritime, même s’il est toujours difficile de faire accoster deux grands navires simultanément. La partie terrestre doit encore être améliorée. Ainsi, le cheminement pour les passagers descendant des navires doit être perfectionné, le parking des taxis et le stationnement des autobus méritent des améliorations. Et pour la direction de Marship, la Pointe Simon ne permet pas d’apporter tous les services nécessaires au navire.
Si l’agent maritime nuance un peu la ferveur du Comité martiniquais du tourisme, il reste persuadé que la croisière a un bel avenir dans l’île. Après avoir présenté ses prestations, le comité martiniquais du tourisme imagine de nouvelles opportunités. Il souhaite offrir aux compagnies de croisière l’ouverture de la saison sur une plus longue période. « Nous travaillons sur des escales hors saison avec des mesures incitatives en réduisant les taxes d’aéroport, les coûts d’escale, les excursions. » L’idée est de réfléchir avec tous les acteurs pour offrir des réductions aux compagnies qui viendraient toute l’année. La proposition a déjà été faite à une compagnie qui réfléchit. Pour les agents, leur intervention ne pèse pas. Les pilotes ont adhéré à ce mouvement. Ils proposent une réduction de leurs prestations aux compagnies. D’abord, ce seront à celles qui viendront l’été puis, dans un second temps, à celles qui seront présentes toute l’année. Des rabais qui pourraient aller jusqu’à 20 %.
La croisière est en plein rebond en Martinique. Les armateurs sentent le mouvement et les premiers fruits pourraient se récolter dès l’année prochaine. RCCL a annoncé l’escale du Quantum-of-the-Seas à la Martinique, fin 2014, lors de son voyage inaugural.