« La faiblesse des plates-formes portuaires pénalise la compétitivité de l’économie nationale »

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Le ministre des Transports, de la mer et de la pêche, Frédéric Cuvillier, a reçu le rapport d’évaluation du Schéma national des infrastructures de transport (Snit), des mains de Philippe Duron, président de la commission Mobilité 21, le 27 juin. Cette dernière a passé en revue les 63 projets du Snit correspondant à une enveloppe globale de réalisation de 245 Md€ d’ici 2030. Le rapport dresse plusieurs constats dont un concernant le monde maritime: « la faiblesse des grandes plates-formes portuaires françaises de niveau européen et de l’organisation de la logistique au plan national pénalise la compétitivité et l’attractivité de l’économie nationale. »

Pour établir une liste des projets prioritaires du Snit, la commission s’est fondée sur 4 principes: « garantir la qualité d’usage des infrastructures de transport, rehausser la qualité de service du système de transport, améliorer la performance d’ensemble du système ferroviaire, rénover les mécanismes de financement et de gouvernance. » Le résultat est une hiérarchisation des projets sur 3 périodes. La première va de 2014 à 2030, années au cours desquelles les projets doivent être engagés. La deuxième court entre 2030 et 2050, l’engagement des projets listés doit être envisagé seulement au cours de ces années. Le projet de mise à grand gabarit de la Seine amont entre Bray-sur-Seine et Nogent-sur-Seine est classé dans cette catégorie. La troisième période, au-delà de 2050, concerne des « projets à horizon plus lointain et dont les études doivent être arrêtées aussi longtemps qu’aucun élément nouveau ne justifie leur relance. » Parmi ces derniers figure le projet Saône – Moselle/Saône – Rhin.

Des opérations financées par les régions

En ce qui concerne les projets en lien avec le secteur maritime, ils ont été largement exclus du périmètre d’analyse car « la commission a identifié la présence d’opérations dont le financement, comme c’est par exemple déjà le cas pour les opérations portuaires, relève des programmations pluriannuelles que constituent les contrats de projets État-région (CPER). » Aussi, ne figure pas dans la liste de la commission: le projet de nouveau terminal à conteneurs du port de Dunkerque, le prolongement du grand canal du Havre, la troisième phase de Port 2000. Il en va de même pour Fos 3XL et Fos 4XL à Marseille et pour la création d’une plateforme multimodale à Achères par Ports de Paris. Le terminal à conteneurs de la pointe des Grives à Fort-de-France et le grand projet de port de Guadeloupe ne sont pas non plus retenus. Enfin, le canal Seine-Nord Europe a été exclu de l’analyse car « il s’inscrit dans le réseau transeuropéen de transport (RTE-T) et fait l’objet d’une mission de redéfinition du projet. »

Dominique Bussereau regrette l’esprit du rapport de Philippe Duron

Dominique Bussereau, député de Charente-Maritime et président du conseil général de Charente-Maritime, regrette l’esprit du rapport de Philippe Duron. Lors d’un entretien exclusif, l’ancien ministre des Transports et de la Mer nous a confié regretter « l’esprit de décroissance du rapport parce qu’il ralentit les investissements. » Dominique Bussereau souligne que les infrastructures sont une des rares niches de compétitivité de la France.

Plus concrètement, ce rapport n’apporte rien de nouveau sur le désenclavement des ports. Il reprend des points qui ont été d’ores et déjà établis par les précédents gouvernements. D’autre part, le renoncement de la LGV, ligne à grande vitesse, ne permettra pas de développer le fret ferroviaire en France. En créant une nouvelle ligne pour la LGV, la ligne actuelle aurait pu accueillir d’autres trains, notamment pour le fret.

Quant au fluvial, le précédent ministre des Transports regrette le manque d’ambition pour ce mode. « Il existe un véritable espoir pour le fluvial en France avec les développements qui se sont révélés sur la Seine, le Rhône, le Nord et le Rhin. Tout cela, personne n’en parle. » Et ce rapport pourrait hypothéquer l’avenir économique de la France, continue le député de la Charente-Maritime. « Dès lors que la reprise économique se fera jour dans quatre ou cinq ans, les industriels français auront besoin d’infrastructures. Avec ce rapport, elles feront défaut. »

Hervé Deiss

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