La question du remorquage portuaire à Pointe-à-Pitre est longue et délicate. En 2001, la place s’est inquiétée de l’arrêt imminent du vaillant Boris, remorqueur de 1958 et de 14 t de traction, que Sagua, aujourd’hui disparue, n’arrivait déjà pas à rentabiliser. L’écoute des conversations VHF a beaucoup agaçé le p.-d.g. de Sagua qui estimait que le port avait besoin d’un remorqueur de 34 t à 40 t, impossible à exploiter économiquement. Tout le monde ou presque souhaitait pouvoir faire appel à un remorqueur, en cas de besoin, mais personne ne voulait participer à son compte d’exploitation.
En janvier 2003 arrive par ses propres moyens le non moins vaillant Pointe-Vigie de 1968 et 32 t de traction, propriété de la famille Ramaye. Après plusieurs années de réflexion, l’autorité portuaire finit par lui accorder une aide financière mais n’oblige pas les plus grands navires à l’utiliser. Quelques échouements (Hoëgh et CMA CGM) plus tard, en septembre 2011, la présence d’un remorqueur en stand by est rendue obligatoire pour toutes les unités de 100 m et plus (avec des variantes selon les quais), sauf pour les paquebots.
En décembre 2012 arrive le remorqueur d’origine norvégienne, le Pointe-Jarry (ex-Bison), construit en 1981 et de 47 t de traction. Outre sa forte puissance, il est équipé de propulseurs azimutaux qui le rendent bien plus manœuvrant. Il a été financé de façon classique, explique Félix Ramaye qui est peu favorable à l’électronique à bord des navires exploités dans les îles « lointaines ». La fiabilité perfectible de l’électronique embarquée est cependant favorable à ses remorqueurs. En effet, Félix Ramaye compte jusqu’à quatre black out par mois sur les navires arrivant ou quittant le port.
Un préavis de 24h pour armer un remorqueur
Pour limiter les coûts d’équipage, aucun remorqueur n’est armé en permanence, explique Félix Ramaye. Il revient à l’agent maritime de prévenir, avec un préavis de 24h, le besoin de remorqueur. Ce qui ne va pas sans créer de longues discussions avec les compagnies car les conditions météo ne sont pas toujours prévisibles à 24h. Le Pointe-Vigie est armé par quatre navigants (deux officiers, un matelot et un graisseur) et le Pointe-Jarry par cinq (deux officiers, deux matelots et un graisseur). Tous les navigants sont Antillais, capables d’embarquer sur l’un ou l’autre des remorqueurs et particulièrement fiers d’assurer l’entretien préventif de leurs machines, avant même que la société de classification le leur conseille.
Bien que totalement FiFi (Fire Fighting), le Pointe-Jarry n’a jamais été sollicité par aucune structure, publique ou non, pour participer à un exercice de lutte anti-incendie, s’étonne son exploitant. Cela était déjà vrai pour le Pointe-Vigie.