Marseille-Fos attend son accès au grand gabarit ferroviaire

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Au terme d’années d’études et de travaux, le port de Marseille devrait accéder en 2014 au gabarit ferroviaire européen. Il était temps, à l’heure où Fos 2XL peut enfin croire dans un décollage de son trafic conteneurs. En attendant que s’achèvent la modernisation du réseau ferré portuaire à l’ouest et les raccordements aux corridors européens, plus de 80 % des conteneurs partent ou arrivent au terminal par la route. Si le fleuve marque régulièrement des petits points, le fret ferré patine et recule. Ces dernières années, sa part a oscillé entre 9 % et 14 %. Loin de l’objectif de 20 % un temps affiché.

En connexion avec deux corridors européens

Le nouvel élan commencera-t-il en 2004? À la fin de cette année, les deux bassins marseillais devraient être connectés à Avignon au gabarit « autoroute ferroviaire ». De là, le trafic portuaire pourra s’aiguiller sur deux grands corridors européens, Amster­dam/Marseille (no 9) et Algesiras/ Budapest (no 3). Les aménagements et la rénovation des systèmes de signalisation jusqu’à Avignon « permettront en 2014 d’augmenter la capacité quotidienne du tronçon de 20 à 60 trains par jour », assure la direction régionale de RFF, le maître d’œuvre. Le fret ferré portuaire en aura encore sous le pied. « À la demande du GPMM, les possibilités d’augmentation supplémentaire seront étudiées, notamment via une commande centralisée de toute la zone de Fos et un doublement de certaines sections à voie unique », précise l’établissement.

RFF est un partenaire proche du GPMM avec lequel il a signé une convention en 2008. Le gestionnaire du réseau ferroviaire ne craint pas « d’accompagner ses clients industriels et logistiques dans leurs stratégies de transport à travers des contrats ». Depuis 2009, de nombreux partenariats ont été signés avec des chargeurs: Lafarge granulats, Nestlé Waters, Groupe Soufflet, Gefco… Dans le prolongement du Grenelle de l’Environnement, ces chargeurs s’engagent à augmenter leurs volumes de marchandises transportés par fer.

Le terminal combiné de Mourepiane se fait attendre

Sur les rails depuis des années, la création du terminal combiné de Mourepiane, qui mixera trafic conteneurs portuaires et caisses mobiles pour la distribution urbaine, est toujours sur les rails. Le dossier traîne et en est encore au stade des travaux préparatoires (études du réalignement des voies). Les plus optimistes situent sa mise en service dans le courant 2015. Pourtant, le conseil de surveillance du GPMM a retenu, il y a un an, le groupement composé de Projenor (mandataire), CMA Rail, T3M et Naviland Cargo dans le cadre de l’appel à projets pour sa conception et son exploitation. « L’opération est complexe et rassemble plusieurs partenaires. Elle a une dimension portuaire car nous allons reconfigurer la distribution maritime, mais elle est aussi urbaine en ce sens qu’il s’agit de créer une porte d’entrée sur la ville », explique Patrick Daher, président du conseil de surveillance du GPMM.

La commission Transports du Parlement européen a épinglé Marseille-Fos comme « nœud stratégique » sur sa grande carte ferroviaire. « Cette reconnaissance nous rend éligibles à certains investissements au niveau des infrastructures », se réjouit Arnaud Ranjard, directeur du développement au GPMM. Une bonne nouvelle pour le terminal combiné de Mourepiane quand on sait que le projet représente un investissement de 60 M€, dont environ 40 M€ de contributions publiques. C’est le prix à payer pour ce facteur de redynamisation des bassins marseillais. Et une formidable chance pour le terminal conteneurs de Mourepiane, Med Europe Terminal, qui attire une dizaine de trains par semaine, dont une navette pour Lyon et Paris presque chaque jour.

Pour l’instant, seul résultat visible, RFF a mis au gabarit européen le tunnel de la Nerthe qui marque l’entrée de Marseille. Mais la remise en service du raccordement au grand gabarit ferroviaire n’est prévue par RFF que pour le 2e semestre 2014.

Bourgogne, Auvergne: les lignes bougent

La locomotive environnementale fait-elle avancer la cause du train? Le fer bouge sur le port. Fin 2012, un nouvel opérateur ferroviaire, Bourgogne Fret Service (Europorte 67 %, et Cerevia 33 %) a mis en place des convois au départ des silos de céréales situés en Bourgogne, sur le Rhin et la Moselle en direction de Fos-sur-Mer. Encore plus récemment, Jean-Michel Genestier, directeur de l’offre intermodale de SNCF Geodis, a présenté à Marseille, devant un public de professionnels attentifs, les nouvelles offres en matière de messagerie ferroviaire, de transport combiné terrestre, maritime et fluvial.

Enfin, last but not least, l’annonce de l’ouverture d’un service ferroviaire avec l’Auvergne, à partir du 15 juin, a été un nouveau wagon à s’accrocher aux ambitions de Marseille-Fos. « Le lancement du service combiné maritime de Ferovergne répond aux objectifs du port de Marseille-Fos de reconquérir son hinterland naturel, sachant qu’aucune desserte massifiée ne le relie actuellement à l’Auvergne depuis l’arrêt en 2008 des dessertes sur Clermont-Ferrand opérées par deux autres opérateurs », souligne le Grand port maritime de Marseille. L’éta­blissement portuaire rappelle que « l’opportunité de relancer une relation ferroviaire tient à la demande des chargeurs auvergnats auprès de Ferovergne ». Quelque 5 000 EVP par an transiteraient ainsi dans un premier temps sur ce service hebdomadaire (départ du terminal de Gerzat le mardi pour une arrivée le mercredi matin à Fos). Mais, sur la base de ses contacts commerciaux, l’OPF Ferovergne avance déjà la possibilité d’ouvrir une seconde rotation en 2015.

L’espoir suisse

Un exemple à suivre pour ceux qui demandent la remise sur les rails d’une navette ferroviaire sur la Confédération helvétique: La reconquête des trafics de Suisse, dont Marseille-Fos a longtemps été le premier port avant d’être abandonné par les chargeurs helvètes dans les années 1990 troublées par les conflits de la première réforme de la manutention, passe par là. Qui, de Marseille ou de Genève, fera le premier pas? « La preuve du marché, c’est qu’il trouve ses opérateurs », rassure Jean-Claude Terrier, le directeur du GPMM à qui on demande de lancer le service.

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