Le Rhône-Saône, un courant ascendant pour le trafic de Fos

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Plus aucun chargeur ne fait la fine bouche envers le Rhône. « On nous contacte même de l’étranger pour connaître notre offre de pré et post-acheminement par le fleuve. Tout récemment encore, d’Inde et d’Israël », glisse Régis Martin, en charge de l’activité report modal et plates-formes intérieures au GPMM. À tel point qu’un conseiller logistique est chargé, depuis cette année, de répondre gratuitement aux demandes des chargeurs au sein du réseau promotionnel Medlink. La voie fluviale est devenue royale pour Marseille-Fos.

Huit rotations hebdomadaires

Les deux opérateurs fluviaux Logirhône (Compagnie fluviale de transport) et Greenmodal (CMA CGM a rassemblé sous ce label son activité logistique terrestre dont l’ex-River Shuttle Containers) qui se partagent le transport de conteneurs ne cessent d’augmenter leur nombre de rotations. En début d’année, Greenmodal a ajouté un départ supplémentaire de Fos sur Lyon et Chalon-sur-Saône. Aujourd’hui, les deux opérateurs se répartissent à part égale les huit rotations hebdomadaires au départ de Fos. Sur les quatre premiers mois de cette année, les barges ont déjà embarqué un nombre d’EVP supérieur de 10 % comparé à la même période de 2012. Un indice qui montre que le report modal s’effectue toujours favorablement sur le fluvial.

S’ils ne bénéficient pas de lignes régulières, les autres segments de trafics sont également bien orientés. En 2012, les vracs solides ont représenté 1,25 Mt sur un global de 3,08 Mt, devant les vracs liquides, 0,94 Mt. Sur les quatre premiers mois de cette année, leurs chiffres s’améliorent encore avec une reprise remarquable des vracs solides (+ 78 %) du fait de la croissance des trafics de charbon (+ 315 %) et de sel (+ 212 %) et une consolidation des vracs liquides (+ 1 %).

Poussé par les normes environnementales

Le calcul est simple. Un seul convoi sur l’axe Rhône-Saône représente 250 à 300 camions en moins. Engorgé, le couloir routier entre Marseille et Lyon peut être soulagé par la voie fluviale. Cette véritable autoroute liquide de 550 km de long au gabarit européen possède un extraordinaire potentiel de croissance. Il offre surtout une clé du développement pour Marseille-Fos. L’impact environnemental constitue un atout dont la force devrait grandir avec la prochaine mise en place de l’écotaxe et de la publication du bilan carbone.

« Il ne faut pas oublier le coût, qui est un autre élément déterminant », rappelle Régis Martin. Les transitaires marseillais ne le contestent pas qui trouvent comme seul défaut à ce mode de transport la longueur du transit time. Côté administratif, la marchandise sur le Rhône bénéficie pourtant de « procédures fluidifiantes » (PFM ou Procédure Ferro ou Fluvio maritime) qui accroissent sa compétitivité par rapport à la route. De plus, sur l’axe Rhône-Saône, cette procédure est en cours d’automatisation à travers AP + (via les ports Medlink). Et si le dossier des THC, ces taxes portuaires héritées du passé et qui pénalisent la voie fluviale, se résout, cela constituera une autre incitation pour passer par le Rhône.

Les acteurs rament dans le même sens

Le fleuve fédère les territoires et les acteurs. Cette osmose sur l’axe Rhône-Saône n’est pas étrangère à son succès. Marseille et Lyon y ont trouvé un trait d’union fort qui s’est concrétisé dans la participation du GPMM dans le terminal Édouard-Herriot. Au nom de sa stratégie des ports avancés intérieurs, l’établissement portuaire détient 16 % de la société Lyon Terminal et il est entré dans le capital de la plate-forme de Pagny, avec une prise de participation à hauteur de 10 %. Les céréaliers de Bourgogne à travers Aproport ont participé de manière pionnière aux équipements du quai des Tellines. Les neuf plates-formes trimodales de l’axe Rhône-Saône (Pagny, Chalon-sur-Saône, Mâcon, Ville­franche-sur-Saône, Lyon, Vienne-Salaise, Valence, Avignon-Le Pontet et Arles) se sont réunies avec le GPMM à travers MedLink. Et cela fait près de dix ans que VNF, la CNR et le GPMM rament ensemble et dans le même sens établi par un contrat de partenariat.

Une part modale qui croît avec l’offre fluviale

Sur Marseille et Fos, la part modale du fluvial pour les conteneurs est aujourd’hui de 7,4 %. Si l’on considère les seuls bassins Ouest (Fos) qui sont ceux desservis par le fleuve, cette part atteint 9,2 %. Un taux qui devrait continuer de s’améliorer dans les prochaines années tant l’offre fluviale est en pleine expansion.

Pour le conteneur, la bonde pourrait être lâchée avec le projet de liaison du canal du Rhône au fond de darse 2. Pour l’instant, la préservation de trois espèces rares de plantes bloque toujours le percement de ce canal de 3,5 km. Le GPMM ne désespère pas, au nom de l’amélioration de l’indice écologique des transports, de trouver une solution à la réalisation d’un ouvrage qui attirerait les barges de 280 conteneurs directement sur Fos 2XL. Alors, le port et le fleuve partageraient totalement le même lit.

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