La manutention à Marseille? Un vrai « micmac » pour les non-initiés, surtout depuis quelques semaines. Si l’Ouest a pris un coup de jeune, les bassins Est sont toujours dominés par les ténors du secteur. Tout a commencé en mars avec la démission de Jean-François Mahé alors directeur général de Portsynergy Projects (Holding à 50/50 de DP World et Terminal Link, filiale de CMA CGM, qui détient 100 % de GMP au Havre et 100 % d’Eurofos) et directeur du terminal Eurofos. Il est aussitôt remplacé dans ses fonctions par Nicolas Gauthier, 36 ans, qui endosse également les fonctions de président du Syndicat des manutentionnaires de Marseille-Fos (Semfos).
Eurofos a, entre-temps, connu quelques petits changements capitalistiques. Depuis le 11 juin, le Terminal de la Méditerranée est partiellement propriété des opérateurs Chinois de CMHI. Ces derniers viennent de se porter acquéreurs pour 400 M€ de 49 % du capital de Terminal Link, jusque-là pleine propriété de CMA CGM.
À quelques mètres de là, des bouleversements ont également eu lieu en avril sur le terminal de Seayard avec le départ de Georges Chapus qui dirigeait cette société de manutention depuis sa création en 1996. C’est un danois de 46 ans, Claus Ellemann-Jensen, jusque-là directeur d’exploitation et directeur commercial de Copenhaguen Malmö Port, qui vient de reprendre les rênes de l’entreprise. Et il connaît bien l’un des actionnaires de Seayard (APMT) pour avoir passé 20 ans chez Mærsk. Là encore, ce changement s’est accompagné d’une évolution du tour de table avec la sortie du capital de Zim, de Georges Chapus et de Sealogis (groupe SNCF Géodis), au bénéfice d’APMT monté au capital (42 %). TIL, la filiale manutention de MSC, détient 50 % des parts et Cosco 8 %. L’opération doit être finalisée le 15 juillet.
Exit la SAS RoRo Marseille, création d’un GIE à 50/50
De profonds changements ont également marqué les bassins Est, et ce, dès le 1er janvier 2012, avec la création de la Compagnie méridionale de manutention (CMM), SAS du groupe Stef qui assure le chargement des remorques pour le compte de la Méridionale. Sur la Corse, la Socoman concentre désormais son activité sur la SNCM au terme d’un contrat échu depuis décembre 2012. Charles-Émile Loo, à la tête de Socoman, ne cache pas son inquiétude face à une « incertitude croissante » quant à l’avenir de la compagnie maritime. Une période difficile pour le manutentionnaire de la « Transat », il y a 50 ans.
Arrivée en 2005 sur les bassins de Marseille, Sea-Invest, société de manutention belge spécialiste des vracs secs, vient tout juste de lever l’ancre. Depuis la fermeture du terminal fruitier, en janvier 2009, les activités de Marseille manutention se sont résumées aux trafics rouliers. L’entreprise gantoise a alors rejoint la SAS RoRo Marseille détenue à 50/50 avec Socoma visant à mutualiser certains services transversaux. Quelques mois plus tard, CMA CGM a rejoint RoRo Marseille, chaque opérateur détenant un tiers du capital. Le récent départ de Sea-Invest a engendré la dissolution de cette société. « RoRo Marseille a été dissoute avec le départ de Sea Invest. Chacun a repris son indépendance et sa clientèle », souligne Charles-Émile Loo.
Un GIE fort opportunément baptisé RoRo Marseille vient tout juste d’être créé par CMA Terminals et Socoma à 50/50. CMA Terminals gère, via sa société Intramar SA (présidée par Michel Henry), le Med Europe Terminal (Mourepiane-conteneurs) et Marseille manutention (Terminal Roulier Sud, Tunisie, Maroc) que dirige depuis peu Christian Paschetta. Il succède à Xavier Hauterat, également directeur de Carfos, qui a représenté jusque-là l’actionnaire Sea-Invest.
Enfin, la Socoma détient elle aussi (à 100 %) deux sociétés de manutention: la Socoman (acconier de la SNCM et de la Cnan) et Intramar RoRo (SNCM réseau Maghreb, Pinède Nord). Toutes deux sont présidées par Paul Carorino. Nul doute que les clients du port de Marseille apprécieraient que la manutention phocéenne gagne en simplicité et lisibilité.