« Le GPMM a besoin d’un chef d’entreprise à même d’insuffler l’envie de se battre »

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JOURNAL DE LA MARINE MARCHANDE (JMM): VOUS PRÉSIDEZ L’UMF ET VIA MARSEILLE-FOS. QUEL EST L’ÉTAT D’ESPRIT DE VOS ADHÉRENTS?

HERVÉ BALLADUR (H.B.): Nos conseils d’administration se déroulent dans un climat très ouvert. Nous réalisons un tour de table sur l’actualité et chacun exprime son point de vue. Actuellement, nous ressentons à la fois beaucoup d’inquiétude mais nous sommes aussi confiants. Inquiets car le nombre d’escale baisse, les trafics pétroliers chutent mais, en même temps, les trafics conteneurisés progressent lentement.

Nous avons récupéré des parts de marché importantes, mais cela ne permet pas encore d’assurer le plein-emploi des dockers.

Mon motif de satisfaction réside dans la cohésion entre les professionnels. L’esprit de place s’est désagrégé avec le temps du fait des difficultés liées à la mise en place de la réforme. De plus, certaines professions ont eu tendance à scléroser les autres. C’est notamment le cas quand les armateurs concentrent tous les métiers de la chaîne (manutentionnaire, agent maritime, transitaire, transporteur). Quand nos professions sont rachetées par des groupes internationaux, il semble difficile de maintenir l’esprit de place. Un port retrouve sa pertinence à travers des entreprises familiales. Il faut susciter de nouvelles vocations au niveau des métiers portuaires. Le secteur s’est industrialisé et devient inaccessible. Pour démarrer une activité aujourd’hui, il faut vraiment de la détermination.

JMM: QUEL REGARD PORTEZ-VOUS SUR LES CINQ ANS ÉCOULÉS, DE 2008 À 2013?

H.B.: Incontestablement, la réforme a été l’événement marquant de cette période. Elle a impliqué un travail de communication auprès de la CGT, des ministres, des clients, des professionnels. La deuxième épreuve a été la loi de finances algérienne qui a imposé en 2010 des contraintes à l’export (crédit documentaire et interdiction d’exporter des véhicules et matériels d’occasion).

Sur cette période, nous avons également impulsé une véritable politique de promotion. L’association Marseille Europort, devenue Via Marseille-Fos, a accueilli autour de la table la Ville et MGI. Nous possédons également une cellule de veille stratégique. C’est une réussite en termes de cohésion avec la chambre de commerce, la Ville et le port.

JMM: QUEL A ÉTÉ L’APPORT DE LA NOUVELLE GOUVERNANCE DANS LE FONCTIONNEMENT DU PORT?

H.B.: Avec un rôle d’investisseur et d’aménageur, l’institution portuaire a perdu le cap. Depuis le transfert des outillages et l’amodiation des terre-pleins, nous avons le sentiment que le port se désengage du développement des volumes. Jean-Claude Terrier a accompli un travail remarquable pour accompagner la réforme, mais le Grand port maritime de Marseille a besoin d’un chef d’entreprise à même d’insuffler l’envie de se battre. Il appartient au port d’attirer de nouveaux armements. Cette démarche doit être entreprise conjointement avec les manutentionnaires. Pour développer des lignes, il faut mettre les moyens!

JMM: L’ANNÉE PROCHAINE LES MANDATS DE TERRIER, PATRICK DAHER ET MARC REVERCHON VONT S’ACHEVER. COMMENT ENVISAGEZ-VOUS LA SUITE?

H.B.: Patrick Daher et Marc Reverchon ont été les deux meilleurs présidents que le port de Marseille puisse avoir! Ce sont deux personnalités dévouées ayant un sens de l’intérêt collectif. S’ils ne se représentent plus, la coloration de nos relais auprès du GPMM sera forcément différente.

JMM: EN DÉPIT DE LA RÉFORME DES PORTS, LES TRAFICS NE SONT TOUJOURS PAS AU RENDEZ-VOUS À MARSEILLE. QUE MANQUE-T-IL AU PORT POUR REVENIR DANS LA COURSE?

H.B.: Conquérir de nouveaux trafics nécessite des moyens humains. Il faut une politique commerciale agressive car si nous avons repris nos parts de marché sur les trafics naturels, nous devons conquérir ceux qui passent par le nord de l’Europe. Via Marseille-Fos rassemble beaucoup de bonnes volontés, des permanents et des bénévoles, mais nous manquons de bras. Il faut une structure pour préparer les missions, proposer des stratégies. Nous devons également développer les pré et post-acheminements afin que le port gagne en attractivité. Les couloirs ferroviaires seront déterminants aussi, nous aimerions savoir clairement si Marseille-Fos est inscrit dans le corridor européen de fret ferroviaire no 6 (*).

JMM: QUELS GRANDS PROJETS PERMETTRONT À MARSEILLE DE REVENIR DANS LA COURSE?

H.B.: La percée fluviale de la Darse 2, qui nécessite de lourds investissements, puis la mise en service des terminaux de Fos 3XL et 4XL.

JMM: LA SITUATION DE LA SNCM PRÉOCCUPE TOUS LES PROFESSIONNELS PORTUAIRES. QUEL SERAIT L’IMPACT DE LA DISPARITION DE CETTE COMPAGNIE SUR L’ACTIVITÉ DU PORT?

H.B.: Nous souhaitons vivement que la SNCM survive et qu’elle parvienne à se positionner vis-à-vis des nouvelles règles de la délégation de service public. Un dépôt de bilan aurait des conséquences désastreuses pour le port.

JMM: L’AACN VIENT DE CÉLÉBRER AVEC FASTE SES 125 ANS EN RÉUNISSANT LA COMMUNAUTÉ PORTUAIRE DE MARSEILLE-FOS. QUEL ÉTAIT LE MESSAGE DERRIÈRE CET ÉVÉNEMENT?

H.B.: Organiser un événement aussi somptueux a été une manière de marquer une solidarité de place. La famille portuaire s’est retrouvée autour de cet événement d’un prestige inhabituel. Depuis quatre ans, j’organise les vœux de l’UMF, cela permet à l’ensemble des professionnels de se rencontrer et dialoguer.

Corridor no 6: Almería-Valence/Madrid-Saragosse/ Barcelone-Marseille-Lyon-Turin-Milan-Verone-Padoue/ Venise-Trieste/Koper-Ljubljana-Buda- pest-Zahony.

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